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demandée d’une part à l’impôt direct, et prévue d’autre part sur un plus fort rendement des impôts de consommation. Dépasse-t-elle les facultés des contribuables ? Pourrait-elle être portée ultérieurement jusqu’au chiffre indiqué plus haut comme digne de la grandeur de l’Espagne ? C’est ce dont on se rendra facilement compte.

En comparant à priori le chiffre de l’impôt en Espagne par rapport à la population, on remarque qu’il est relativement faible. En France, chaque habitant paie à l’état 45 francs, en Espagne 25. La différence paraît encore plus sensible, si l’on oppose au nombre des habitans l’étendue des terres qu’ils possèdent. La France renferme 36 millions d’habitans sur 9,748 milles carrés, l’Espagne 16 millions sur 8,598 milles. — A production, à fertilité égale, l’impôt foncier pourrait en Espagne frapper chaque habitant plus fortement qu’en France. Or avec une étendue de territoire à peu près la même l’Espagne n’a supporté jusqu’à présent qu’un impôt foncier de 75 millions de francs, porté depuis deux ans à 87, mais qui ne s’élève encore à peu près qu’au quart de notre impôt foncier. Lorsque les moyens de, communication seront ouverts dans toute la Péninsule, la terre augmentera de valeur dans une proportion très forte, et l’impôt foncier pourra, sans nulle injustice, être considérablement augmenté.

Les impôts indirects ou de consommation, que dans des vues de philanthropie étroite ou des calculs de stratégie parlementaire les cortès avaient abolis, et qui comptaient pour 35 millions de réaux dans le budget de 1856, sont estimés dans celui de 1857 comme devant fournir la plus large part des 25 millions de francs d’augmentation que les impôts directs et de consumos sont appelés à produire par rapport au budget précédent. Ces impôts ne peuvent manquer, ce semble, de donner lieu à des accroissemens de plus en plus considérables. L’exemple de la France est instructif à cet égard et mérite qu’on s’y arrête. Quelle progression dans nos impôts indirects ! L’an dernier, ils s’étaient accrus de 100 millions de francs malgré la disette, l’épidémie et la guerre ; cette année, ils rapportent encore 50 millions de plus malgré la liquidation des sacrifices de toute sorte imposés par les années précédentes et la diminution de l’épargne du pays. Sans doute chaque contrée a ses habitudes quant à l’impôt, et en Espagne on se persuade volontiers que le premier avantage à procurer aux contribuables est le dégrèvement de la consommation ; mais, sans atteindre les objets de première ou d’absolue nécessité, que d’articles restent à imposer qui produiraient des ressources suffisantes pour assurer les services publics, cette condition non moins indispensable de l’existence des peuples ! La perception des impôts indirects, qui dépendent de l’accroissement de