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par la supériorité des hommes d’état qui le dirigent ; son premier passage aux affaires l’a bien fait voir. Aujourd’hui.encore il lui appartient de faire résolument triompher les vrais principes économiques et de doter le trésor de ressources effectives. On verra alors combien sera léger le poids de cette dette publique si compliquée ; on pourra faire disparaître toutes ces distinctions de dette active, différée et passive, qui semblent comme un souvenir et une menace de banqueroute. La continuité des efforts qu’on a multipliés depuis cinq ans pour satisfaire aux conditions de l’opération de 1851 devrait suffire pour rétablir le crédit espagnol ; mais avec un budget vraiment en équilibre, on arrivera moins laborieusement encore à ce résultat. Avec une augmentation des ressources publiques, on créera enfin tous ces grands travaux intérieurs nécessaires pour développer les richesses naturelles dont il nous faut examiner l’importance, comme la base des espérances que l’on peut fonder sur l’amélioration financière de l’Espagne et sur le développement moral et politique qui suivra le développement matériel.


II. – LES RESSOURCES NATURELLES ET INDUSTRIELLES DE L’ESPAGNE.

C’est un lieu commun de parler des grandes forces productives de l’Espagne, de la merveilleuse fertilité de son sol, propre aux cultures les plus variées, où naissent spontanément les plantes de l’ancien et du nouveau monde. On n’ignore pas non plus que cette terre recèle d’importantes richesses minéralogiques, et que peu d’efforts suffiraient pour les mettre en valeur. Depuis quelques années cependant, ces notions générales se sont singulièrement précisées, grâce aux investigations récentes des ingénieurs français, qui ont exploré la Péninsule dans toutes ses parties et dressé l’inventaire exact des trésors qu’elle renferme. À ce propos n’y a-t-il pas à remarquer à quel point la France s’est substituée à l’Angleterre dans cette tâche de l’initiation des peuples étrangers aux entreprises industrielles ? L’Autriche, l’Italie, l’Espagne ont confié exclusivement leurs grands travaux publics aux hommes éminens sortis de cette administration des ponts et chaussées et des mines que le monde entier nous envie ; la Russie sollicite déjà leur concours, et, sans mettre en doute la valeur pratique des agens que l’Angleterre prêtait avant nous-mêmes aux nations moins avancées dans la culture des arts industriels, on peut reconnaître la supériorité scientifique, l’élévation morale et la probité sévère de nos ingénieurs, dont nous devons être fiers aussi bien que de nos soldats.

Dans une étendue de 8,598 milles carrés, l’Espagne renferme 16 millions d’habitans ; la France en compte 36 millions sur un territoire