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de la chaîne cantabrique : il a produit déjà par année 80,000 tonnes d’excellent charbon, analogue en qualité au plus estimé ; il en fournirait facilement 300,000 tonnes, plus par conséquent que n’en consomme l’Espagne tout entière, et on ne saurait dans l’avenir lui assigner de limites. Ce bassin houiller présente non-seulement une apparence magnifique par la pureté du charbon, par l’épaisseur et l’étendue des couches, mais il est placé dans une situation exceptionnelle, près du port de Gijon, avec lequel il communique par un chemin de fer de 35 kilomètres. Malheureusement ce port ne pourrait, sans de grands travaux, suffire aux nécessités d’une grande exploitation. La houille des Asturies alimente d’importans établissemens métallurgiques, Sama, Mierès (usines à fer), Paula de Lina (aciérie), Arnao, près Avilez (usine à zinc), Truvia (fonderie de canons appartenant à l’état, où la fabrication de tout ce qui se rapporte à l’artillerie est traitée avec une supériorité incontestable, mais qui est mal placée à cause de son éloignement du charbon).

Au sud de la chaîne cantabrique, sur le revers opposé, qui sépare la Vieille-Castille des provinces basques et des Asturies, se trouve une seconde zone houillère qui n’a pas moins de 100 kilomètres. On ne saurait prévoir jusqu’où elle doit s’étendre, puisque les dernières couches recouvertes au sud par les terrains qui forment les plaines de la Castille peuvent se prolonger indéfiniment au-dessous. Val de Rueda et l’Orbo sont les points où l’exploitation du charbon est appelée à prendre le plus de développement, parce qu’on y trouve les seuls passages possibles d’un chemin de fer de la Castille au littoral. On pourrait aussi relier ce bassin houiller au chemin de fer du nord de l’Espagne et à celui d’Alar del Rey à Santander, qui fait suite au canal de Castille. En tout cas, la découverte et la mise en valeur de ce second groupe de charbon, dont les qualités sont semblables à celles du premier, intéresse vivement la Vieille-Castille et les provinces du centre, entièrement dépourvues de combustible. Par malheur, tout y manque, habitations et habitans.

Le bassin houiller d’Espiel et Belmez, situé à une grande distance des deux premiers, sur lest confins de l’Estramadure et de l’Andalousie, au pied de la Sierra-Morena, a été reconnu récemment, et ne paraît pas inférieur aux précédens. Le charbon même, d’une qualité plus résistante, se prêterait mieux à l’exportation ; quoique l’exploitation commence à peine, on extrairait dès aujourd’hui très facilement plusieurs centaines de mille tonnes. La proximité de ce gîte houiller d’une des parties les plus riches en métaux de l’Espagne, son voisinage relatif de l’Océan par le Guadalquivir, ont fait considérer par le gouvernement comme une nécessité de premier ordre d’y amener une voie ferrée, et une concession spéciale a été faite à