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passés. De 1825 à 1849, la production moyenne a été de 20 à 22,000 quintaux. Depuis lors, elle ne s’élève guère qu’à 15. Cette diminution ne tient à aucune cause particulière aux mines d’Almaden. Le travail y est bien fait. Au contraire des industries du fer et du plomb, presque encore dans l’enfance, l’extraction du mercure se traite dans les conditions les plus convenables et les plus économiques ; seulement la découverte des mines de mercure de la Californie, dont les produits luttent déjà au Mexique avec le mercure espagnol, a porté à ce dernier un coup très rude. Aujourd’hui la consommation du mercure en général est de 31,000 quintaux par an ; le Mexique en réclame 12,000, l’Amérique du Sud 10,000, l’Europe 9,000 seulement. Almaden fournit encore 16,000 quintaux aux besoins industriels du monde, la Californie 7,000, et le reste de l’Europe, principalement Hydria en Carniole, 3,000 ; mais la Californie ne prendra-t-elle pas dans le commerce avec l’Amérique une part de plus en plus grande, au détriment de l’Espagne ? C’est ce qu’il est permis de redouter. — A côté de la production du mercure, il convient de mentionner celle de l’argent. L’Espagne est le pays de l’Europe le mieux partagé comme producteur d’argent, puisque sur l’ensemble de 762,000 marcs d’argent fournis par l’Europe, elle entre pour 220,000 marcs, et ses mines ont encore un très grand avenir.

Mais si la Péninsule n’a plus à attendre tous les avantages que lui procuraient les mines d’Almaden, On peut fonder de grandes espérances sur les mines de cuivre et de zinc qui y ont été reconnues, et dont l’exploitation commence à peine. Dans la partie ouest de l’Andalousie, dans la province d’Huelva, on trouve des pyrites de cuivre en masses si considérables, que, nonobstant le peu de richesse du minerai lui-même, si on en tirait tout le parti possible, on verrait se produire pour le commerce du cuivre en général le mouvement qui a suivi l’exploitation du plomb dans le royaume de Grenade. Les Romains avaient déjà mis en valeur les mines du Rio-Tinto, qui coule à six myriamêtres de Séville. Les Maures, en quittant l’Espagne, détruisirent les travaux qu’ils avaient entrepris, et le gouvernement espagnol, voulant favoriser la production du Nouveau-Monde, interdit toute exploitation dans l’ancien, contraignant Séville à aller chercher au Pérou et au Chili un produit que le Guadalquivir pouvait lui apporter. Réexplorées depuis quelques années seulement, les mines du Rio-Tinto appartiennent au gouvernement ; mais à côté d’elles, une compagnie s’est établie sur un gisement non moins important, qu’elle saura certainement exploiter avec profit. La production universelle étant de 50 à 60,000 tonnes, on pourrait penser que l’exploitation des mines du Rio-Tinto, dont la richesse est énorme, modifierait singulièrement le commerce du cuivre. Malheureusement tout est à créer dans cette partie reculée de l’Espagne, la population