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même que l’avenir de la compagnie concessionnaire. La ligne du nord passe à Valladolid, à Burgos, à Vittoria, à Saint-Sébastien, au Port du Passage enfin, auquel l’empereur Napoléon voulait réserver les hautes destinées que la nature refuse à Bayonne ; on peut dire qu’elle se relie au port de Santander par le chemin d’Alar del Rey et par le canal de Castille. Un court embranchement la conduira à Bilbao, le port de la côte nord de l’Espagne le plus propre à la grande navigation ; mais, à partir de Santander, comment ouvrira-t-on les communications qu’il serait nécessaire d’établir avec les Asturies et la Galice, ces pépinières de travailleurs pour le reste de l’Espagne, ces deux provinces si riches en houille et en minerai de fer ? Quelles facilités seront données aux relations de Madrid avec les grands ports de guerre du Ferrol et du Vigo, où réside l’avenir de la grandeur navale de la Péninsule, où se concentrerait peut-être le mouvement des voyageurs transatlantiques, s’ils pouvaient, à l’aide de chemins de fer unis au réseau européen, éviter les fatigues de la traversée de l’Océan le long de toutes les côtes de France et d’Espagne ? Comment s’ouvriront enfin les débouchés indispensables aux produits agricoles des royaumes de Léon, de la Manche et de l’Estramadure ? Ne voit-on pas tout de suite quelles annexes indispensables il convient de souder au chemin de fer du Nord ?

Il en est de même pour la ligne de Saragosse à Madrid et de Madrid à Alicante. Déjà la compagnie concessionnaire a voulu pourvoir, par les demandes de concessions qui ont été citées plus haut, aux principales lacunes ; mais poussera-t-elle jusqu’à l’adjudication ces demandes, parmi lesquelles on a omis jusqu’à présent un prolongement sur Carthagène, principal port de guerre de l’Espagne sur la Méditerranée ? Osera-t-on entreprendre, à travers les Pyrénées, le raccordement du chemin de Saragosse vers notre réseau pyrénéen ? Et l’onéreuse jonction avec le Portugal, qui ne peut être exécutée que par la vallée ou plutôt par le bassin du Tage, se réalisera-t-elle ? Enfin le réseau andalou se poursuivra-t-il jusqu’au chemin de Madrid à la Méditerranée, assurant ainsi la communication de Bayonne à Cadix ? Ce sont là des problèmes dont la solution ne peut être différée. Aujourd’hui, en supposant achevés les chemins concédés, l’Espagne n’est encore unie avec aucun des deux pays qui l’avoisinent, et sur les deux mers qui la baignent, elle n’a assuré la communication de sa capitale au nord qu’avec les ports les plus distans de Madrid, et au midi qu’avec les plus éloignées de ses colonies américaines. Enfin, avec une agrégation de provinces encore mal assimilées, et qu’il importe d’habituer le plus promptement possible aux lois de l’unité administrative, on peut dire que si les projets actuellement en cours d’exécution pourvoient à peu près aux