Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/891

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à plusieurs embranchemens importans. Valladolid sera le point de départ des communications à ouvrir avec les Asturies, la Galice et le royaume de Léon. Oviedo, les ports du Ferrol, de la Corogne et du Vigo s’y rattacheront à la ligne qui conduira à Madrid, aussi bien que Zamora et Salamanque. Valladolid est déjà l’entrepôt du commerce extérieur du blé qui s’opère à Santander, et dont on comprendra l’importance par ce seul fait que, sur le canal de Valladolid à Alar, quatre cents bateaux étaient employés en 1856 au commerce des farines[1] ; Valladolid deviendra ainsi un centre de communications intérieures, comme à l’autre extrémité de la ligne Vittoria servira de point de réunion aux embranchemens de Bilbao et de Pampelune, aux lignes qui se dirigeront par Saragosse et par l’Ebre canalisé vers la Méditerranée, et formeront la seconde jonction entre les deux mers, la première et la plus longue réunissant Santander à Cadix.

Après ces deux grands réseaux du nord et de l’est, qui paraissent justifier la confiance des capitaux français, il est bon de dire quelques mots du chemin de Séville à Cordoue, le plus important des chemins du midi, qui appartient aussi à la société générale de crédit mobilier. Cette ligne, d’une étendue de 130 kilomètres, qui se déploie dans une vallée fertile et unie, sur le bord du Guadalquivir, non navigable dans toute cette partie, ne présente aucune difficulté de construction. La dépense totale doit s’élever à peu près à 20 millions de francs, et les deux provinces de Cordoue et de Séville ont assuré pendant vingt ans une subvention annuelle de 625,000 fr., soit, en la capitalisant, à peu près le tiers de la dépense. Il a été plus facile que partout ailleurs d’apprécier les élémens du trafic dans cette portion de territoire restreinte, où les populations sont rapprochées, et les échanges établis de longue date. Dans l’état actuel des routes, avec des diligences qui mettent vingt-deux heures à parcourir les trente-cinq lieues qui séparent Séville de Cordoue, on compte environ un mouvement annuel de 10,000 voyageurs faisant 300,000 kilomètres, soit, à 1 fr. par kilbm., produisant un revenu de 300,000 francs. Le mouvement actuel des marchandises de 37,000 tonnes, à 10 cent. par kilom., entraîne une dépense de 550,000 fr. Quelle augmentation obtiendra-t-on par l’établissement d’un chemin qui n’a aucune concurrence à craindre, lorsque Séville, placé au point où le Guadalquivir devient navigable jusqu’à la mer, sera devenu un vrai port maritime, et lorsque enfin Cordoue sera rattaché à la grande ligne de Madrid ? Quelle serait enfin pour ce chemin de fer la conséquence de l’exploitation des bassins houillers d’Espiel et de Belmez, des

  1. Ce canal, qui compte 42 écluses sur 130 kilomètres, ne peut servir à un trafic important. Dans la belle saison, le roulage se maintient sur la rive ; un chemin de fer lui enlèverait toute sa clientèle.