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elle n’avait pas encore vingt ans. Elle a publié d’abord des romans, Hobomok, les Rebels, et un assez grand nombre d’ouvrages de morale et d’éducation. Devenue Mme Child, elle suivit son mari à New-York, et dans l’été de IS4l elle commença une série de lettres hebdomadaires dans le Courrier de Boston. Ces lettres, imitation américaine du courrier de la semaine de quelques feuilles parisiennes, étaient une chronique de New-York, mais avec une tendance morale très manifeste. Elles roulaient sur tous les thèmes que peut suggérer à un esprit élevé, sincère et légèrement utopiste le tableau d’une grande ville à une époque de fermentation politique et religieuse. Par leur grâce familière et leur vivacité piquante, les Lettres de New-York charmèrent le public ; elles furent reproduites par des journaux de tous les états et de toutes les nuances, elles furent longtemps l’événement de chaque semaine. Réunies en volumes, elles n’ont pas eu moins de succès sous cette forme : il s’en vendit vingt mille exemplaires en deux ou trois ans, et aujourd’hui encore elles sont fréquemment réimprimées.

On vient de suivre l’histoire politique de la presse américaine jusqu’à sa dernière période. C’est sur les conditions présentes de cette forme de publicité aux États-Unis que doit maintenant se porter notre attention.


II.

Il existe aujourd’hui dans les états riverains de l’Atlantique et dans toute la Nouvelle-Angleterre des journaux sérieux, faits avec honnêteté, sinon avec un grand talent, et qui ont, chacun dans son cercle d’action, une incontestable importance. À New-York, nous citerons le Courier and Enquirer, le Journal of Commerce, le Commercial Advertiser, l’Evening Post ; à Boston, le Courier et l’Atlas ; à Philadelphie, l’United north american Gazette et le Ledger. Aucune des feuilles que nous venons de nommer n’a cependant, soit comme organe politique, soit comme entreprise commerciale, l’importance des grands journaux de Londres ou de Paris, et n’exerce, à beaucoup près, une action aussi directe et aussi puissante sur l’opinion publique.

La cause de cette infériorité inévitable, on le sait déjà, tient à la constitution politique du pays. Bien que les États-Unis forment une nation homogène, ils sont avant tout une agrégation de petits états, dont chacun a sa métropole particulière et son foyer d’activité. Il en résulte qu’aucune ville n’a une influence un peu sérieuse au-delà d’un certain rayon, et surtout qu’il n’y a point de capitale en qui viennent se résumer les forces vives du pays, et d’où puisse