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au courant de toutes les questions propres à l’intéresser. Il apporta donc un soin infini à la composition de son recueil, mais ce fut peine perdue : il lui fallut, faute de souscripteurs, s’arrêter après le sixième numéro. Un recueil rival, qu’un certain John Webbe s’était empressé de créer sous le titre d’American Magazine, était déjà mort après le second numéro. Deux tentatives furent essayées en 1757 et en 1769 pour faire revivre l’American Magazine : toutes deux furent également malheureuses. En juillet 1771, Aitkin fonda à Philadelphie le Pennsylvania Magazine, ou American Monthly Museum, dans lequel écrivirent Thomas Paine et Francis Hopkinson. Ce recueil acquit, grâce à leur collaboration, une certaine popularité, mais il dut suspendre sa publication en juillet 1776, lorsque éclata la guerre de l’indépendance. Au lendemain de la paix, en 1787, Matthew Carey ressuscita l’American Museum, qui ne put prolonger son existence au-delà de 1798.

Les essais tentés dans la Nouvelle-Angleterre pendant la même période ne furent pas couronnés de plus de succès. La plupart des recueils fondés à Boston de 1743 à 1796 ne fournirent qu’une courte carrière; quelques-uns même moururent dans l’année qui les avait vus naître. Il faut arriver jusqu’au commencement de ce siècle pour rencontrer aux États-Unis des recueils mensuels qui aient eu une existence sérieuse et une véritable valeur littéraire. En 1800, la démission du secrétaire d’état Pickering entraîna celle de Joseph Dennie, ancien avocat de Boston, à qui Pickering avait fait donner une petite place à Philadelphie. Dennie, esprit cultivé et causeur séduisant, fort recherché dans les salons et amoureux des lettres, s’était plié malaisément aux exigences d’une situation officielle : il dit de grand cœur adieu à la politique, et résolut de ne demander qu’à sa plume ses moyens d’existence. Il fut, avec le romancier Brockden Brown, le premier Américain qui fit franchement profession de n’être qu’un homme de lettres, et son exemple resta longtemps sans imitateurs. Il fonda en 1801 le Portfolio, recueil hebdomadaire qu’il rendit mensuel en 1809, et qui obtint un rapide succès. Écrivain recherché et un peu prétentieux, Dennie rachetait ces défauts par infiniment de vivacité et d’esprit : il eut d’ailleurs pour collaborateurs des hommes de mérite. John Quincy Adams publia dans le Portfolio de curieuses lettres sur la condition sociale et industrielle de la Prusse; Robert Walsh y fit ses débuts; Nicholas Biddle, le célèbre directeur de la banque des États-Unis, et James E. Halley travaillèrent assidûment. Dennie mourut en 1812, mais le recueil qu’il avait fondé lui survécut, et ne cessa de paraître qu’en 1820.

Depuis 1813, le Portfolio avait un concurrent redoutable dans l’Analectic Magazine, fondé également à Philadelphie par Moses