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LES ÉLECTIONS
DE 1857
EN ANGLETERRE



Je remporterai en France l’impression profonde que laisse dans les âmes faites pour le comprendre le spectacle imposant qu’offre l’Angleterre, où la vertu sur le trône dirige les destinées du pays, sous l’empire d’une liberté sans danger pour sa grandeur.»
(Discours de l’empereur en réponse à l’adresse de la Cité de Londres.)


Les élections qui viennent de donner à la Grande-Bretagne un nouveau parlement ont offert un grand et curieux spectacle, qui pour tout observateur désintéressé doit tourner à l’honneur des institutions du pays; elles ont montré le progrès des mœurs publiques chez un peuple habitué à un long et paisible exercice de la liberté, et elles ont fait voir que les ressorts de son antique constitution, loin d’être rouillés, n’avaient au contraire jamais eu plus de force et de souplesse. Pendant tout un mois, le gouvernement s’est tenu comme à l’écart; la royauté a semblé se retirer de l’arène; la nation, appelée à prendre part au choix des députés de la chambre des communes, a pu se prononcer à son aise sur les hommes et sur les choses dans la pleine possession du droit de tout dire et de tout écrire, et les grands pouvoirs publics, loin d’avoir couru le moindre péril à cette épreuve du jugement du pays, en sont sortis au contraire, comme toujours, mieux affermis et plus respectés. L’ordre dans le mouvement est la consigne répétée de génération en génération, et