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spectacle qui se passe au grand jour et en plein air, et qui demande à être compris par les yeux et par les oreilles : ce sont les meetings où elles se préparent, les hustings où elles se discutent et se décident, qui leur servent de théâtre. Telle est la scène sur laquelle il faut les étudier et suivre les différentes phases qu’elles traversent.

Le signal de l’élection générale des membres de la chambre des communes est donné par l’acte royal de convocation d’un nouveau parlement, soit à raison d’un nouveau règne qui commence, soit à l’expiration des pouvoirs du parlement en exercice, qui ne peuvent se prolonger au-delà de sept ans, soit enfin, comme dans le cas qui vient de provoquer les dernières élections, par suite d’une dissolution qui permet aux ministres de la couronne d’exercer un droit d’appel de la chambre au pays. Le lord chancelier chargé de l’exécution des ordonnances royales donne son ordre (writ) au secrétaire de la couronne auprès de la chancellerie, et celui-ci envoie aussitôt au shériff de chaque comté l’ordre de faire élire les députés qui doivent représenter soit le comté, soit tel ou tel bourg dépendant du comté. Dans un délai de deux jours, les shériffs doivent faire publier une proclamation qui appelle les électeurs du comté, aujourd’hui comme autrefois, à la vieille cour du comté, et les invite à s’y réunir six jours après au plus tôt, douze jours après au plus tard. Les électeurs des bourgs qui ont le droit de représentation sont convoqués en général, suivant les instructions du shériff, par l’officier municipal préposé à l’élection, et l’élection doit avoir lieu trois jours francs au moins après la convocation, dans un délai de six jours au plus. Toutes les précautions sont prises pour donner la publicité nécessaire à cette convocation; l’heure à laquelle elle doit être annoncée est fixée entre huit heures du matin et quatre ou six heures du soir, suivant la saison, afin de prévenir le retour de la ruse intéressée dont un candidat s’était servi autrefois dans le bourg de Shaftesbury, en faisant publier, entre onze heures du soir et minuit, le jour de l’élection, qu’il voulait laisser ignorer à son compétiteur.

La convocation du shériff appelle les combattans dans l’arène : ils ne s’y font pas attendre pour s’y assurer ou s’y disputer la victoire; mais avant de s’y présenter, ils ne négligent pas les précautions nécessaires pour se préparer le terrain, et pour ne pas se laisser prendre au dépourvu, ils se mettent en mouvement avant que le signal soit donné. Les affaires d’avant-poste s’engagent dans les meetings ou réunions populaires, qui sont entrées dans les mœurs et dans les lois du pays, et qui semblent faire partie de sa constitution. C’est dans les meetings que les candidats viennent reconnaître la