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position et essayer leurs forces : ils les font annoncer d’avance par les journaux et les affiches, et y donnent un rendez-vous à tous ceux qui partagent leurs opinions. C’est en promenant ainsi leur candidature dans tout un comté ou dans les quartiers d’une ville qu’ils se ménagent des relations publiques avec leurs concitoyens, et vont au-devant de toutes les explications qui peuvent leur être demandées. Leurs amis viennent en même temps à leur aide en multipliant les réunions en leur faveur, afin de faire valoir les titres qui peuvent les recommander aux électeurs. Ceux qui ne sont pas électeurs ne sont pas écartés, et comme ils peuvent contribuer à former l’opinion publique, même sans donner leurs suffrages, ils sont également appelés à entendre discuter le mérite et la politique des candidats. Les candidats ou leurs amis viennent même quelquefois les haranguer dans des réunions où ils les ont spécialement convoqués, et sans faire appel à leurs passions, ils les engagent à user de la part de droits qui leur appartient, à se servir par exemple de leur influence de pratiques sur les petits marchands qui sont électeurs, afin de les décider à voter pour le candidat de leur choix. C’est dans les meetings qui couvrent l’Angleterre de réunions le jour et le soir, dans les villes et dans les campagnes, que se fait entendre la voix du pays, dont l’écho se prolonge dans toutes les feuilles publiques; ces meetings garantissent à la minorité l’exercice de ses droits légitimes, et ils empêchent la tyrannie de la majorité; ils donnent l’élan aux bonnes causes, et découragent les factions en traînant au grand jour les erreurs et les mauvaises passions qui aiment à s’abriter dans l’ombre; ils ne font pas perdre au pays le respect de l’ordre public, protégé par de justes lois de répression, et en même temps ils l’élèvent à l’école d’une discussion sérieuse où les artifices du langage rencontrent peu de faveur, et où c’est le bon sens qui finit aisément par prévaloir.

Les meetings ouvrent la campagne des élections, et tant qu’elle dure, ils se continuent sans relâche, mettant à l’épreuve l’infatigable activité de parole du candidat et de ses amis; mais les meetings eux-mêmes ne suffisent pas, et il y a d’autres liens qui doivent encore resserrer les rapports du candidat avec ses commettans. La préparation d’une élection ne s’arrête pas aux discours prononcés en public; elle demande des efforts plus persévérans et des démarches plus pressantes, et elle est même désignée par un mot particulier à la langue anglaise, le canvass. La conquête des votes ne s’emporte pas seulement par le succès de la parole; il faut le plus souvent que la popularité vienne s’y joindre. Il ne suffit pas que le candidat fasse dans les meetings sa profession de foi ; il est encore nécessaire, surtout si l’élection doit être contestée, qu’il rende lui--