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l’exemple du Luxembourg annexé à la Hollande. — Cela ne suffit-il point, et l’unité dynastique est-elle absolument nécessaire pour consacrer l’alliance politique du Nord? Eh bien! la seconde solution est prête. Nous vous avons pris au mot tout à l’heure. Vous avez prétendu, quand déjà elle était incontestablement un fait accompli, réviser la constitution commune, et nous y avons consenti. Maintenant nous vous demandons, nous, la révision du traité de Londres, et vous reconnaîtrez nécessairement que constitution commune et traité étaient les deux colonnes d’un seul et même édifice. Vous avez renversé l’une; nous avons le droit, quand l’autre penche, de la pousser à terre et de déblayer le terrain. Voilà qui est convenu de concert avec toute l’Europe. Donnez toute indemnité nécessaire à l’élu du traité de Londres; il n’est plus le successeur éventuel à notre couronne. Que l’Europe, en vue de cette union scandinave qui doit élever un utile boulevard, maintienne pour y aider les renonciations des prétendans de la ligne féminine à la couronne de Danemark, et que cette couronne, redevenue libre, aille se placer sur la tête qui réunit déjà celles des autres royaumes du Nord, chacun des trois peuples alliés stipulant d’ailleurs sa complète indépendance, le maintien de ses institutions particulières et de son gouvernement intérieur.

Ainsi parlent les partisans du scandinavisme ; telle est la réponse qu’ils veulent opposer à l’intervention de la diète de Francfort. Ils entendent respecter tous les droits qu’a stipulés naguère la diplomatie, mais ils souhaiteraient que la diplomatie, mieux informée aujourd’hui à leur sens, consentît à modifier son œuvre, qu’ils croient funeste et impraticable. Ils ne voient de salut que dans l’union scandinave; pour y parvenir, ils consentiraient, nous l’avons dit, à de pénibles sacrifices, au cas par exemple où la Suède et la Norvège ne voudraient pas accepter dans l’association l’élément germanique. En vue de cette union, ils voudraient voir réviser le traité de Londres. Ils savent, à la vérité, que la légalité ne se défait pas aussi aisément qu’elle se façonne, et qu’il n’y a, pour la briser d’un coup, que les révolutions. Ils ne veulent pas des révolutions, qui tourneraient contre eux tous les cabinets de l’Europe, et qui répugnent d’ailleurs à leur cause noble et juste. C’est donc la diplomatie qu’ils implorent.

La preuve qu’il y a bien dans leurs vœux quelque chose de pratique et d’utile, c’est qu’au lieu d’argumens contre le scandinavisme pendant ces graves débats, on ne voit paraître, du côté même qui semblerait devoir lui être hostile, que des expédiens ou des solutions qui lui sont en certaine mesure conformes. L’écrit publié récemment par le propre beau-frère du duc de Glucksbourg, M. Le