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tans ; régulièrement percée de mes à angles droits, elle se fait remarquer par une extrême propreté, cette demi-vertu, selon saint François de Sales, qui est si peu pratiquée dans le Nouveau-Monde. Ses maisons, blanchies à la chaux, n’ont qu’un étage à cause des tremblemens de terre; mais elles regagnent en étendue ce qu’elles sacrifient en hauteur, et beaucoup seraient en état de loger un régiment. Quant aux édifices publics, ce sont, comme toujours, des églises et des couvens, ruinés pour la plupart. Les couvens principaux étaient ceux de San-Domingo, San-Francisco, San-Juan et la Merced; les églises étaient au nombre de treize, et, des cinq qui restent aujourd’hui, deux seulement ont gardé leur destination.

Le commerce de Sonsonate est presque uniquement entre les mains de Français; c’est un fait assez rare pour être remarqué. Parmi ces compatriotes, l’un des plus honorables, le général Saget, a marqué sa place dans l’histoire du pays. Ancien soldat de l’empire, il s’exila comme tant d’autres au commencement de la restauration, et vint chercher fortune dans l’Amérique centrale, où, peu après son arrivée, la proclamation de l’indépendance ouvrit cette longue période de guerres intérieures qui durent encore aujourd’hui. Il se rangea naturellement sous les drapeaux du parti libéral, où ses connaissances militaires lui valurent un avancement rapide. Devenu le second après Morazan, il accompagna dans tous ses dangers ce héros de la fédération jusqu’à sa dernière campagne dans l’état de Costa-Rica; là il reçut de lui une mission pour Punta-Arenas, et ce fut pendant cette courte absence que Morazan périt tragiquement, par une catastrophe que notre compatriote eût peut-être prévenue sans cet éloignement imprudemment ordonné. Morazan avait relevé une dernière fois le drapeau de la confédération, et s’était cru assez sûr des populations de Costa-Rica pour envoyer la presque totalité de ses troupes, sous les ordres du général Saget, à Punta-Arenas, où venait d’éclater une insurrection militaire. A peine fut-il seul, que les trois cents hommes qui lui restaient se virent assaillis dans la ville de San-José par quatre ou cinq mille hommes qu’avaient ameutés les chefs serviles. Ce siège inégal dura deux jours et deux nuits. Morazan essaya de se réfugier dans la ville voisine de Cartago; repoussé par les habitans, il revint à San-José, y fut pris et fusillé le 18 septembre 1842. Depuis lors, le général Saget s’est retiré à Sonsonate, et le voyageur français trouve dans sa maison l’hospitalité la plus cordiale et la plus bienveillante.

Le dernier port de cette côte est celui de San-José, le seul que la république de Guatemala possède sur le Pacifique. Cette république est le premier des cinq états qui se partagent le pays, tant par le chiffre de sa population que par l’étendue de son territoire et l’importance de ses villes; mais les côtes, longues de soixante-dix lieues,