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C’est le contraire aujourd’hui : le mieux serait de savoir les deux langues. Or La Fontaine dit :

Mais qui peut tout savoir !


Les belles cartes de la publication de Gotha, parlent heureusement d’elles-mêmes et n’ont pas besoin de traduction[1].

Le général Sabine, si connu par ses grands travaux sur le magnétisme, du globe, continue ses admirables, publications. J’ai reçu de lui récemment un précieux in-quarto, sur les observations faites à Toronto par ordre du gouvernement anglais. Un de mes amis me faisait des complimens de condoléance sur la conformité de ce beau travail avec ce que j’ai donné récemment dans la Revue des Deux Mondes : il prétendait qu’on serait conduit à croire que pour mon article j’avais profité de l’œuvre du savant anglais. Je suis au contraire très honoré d’avoir pris l’état actuel de la science du magnétisme du globe au même point de vue que le général Sabine. Un seul fait que j’ignorais, et que je rétablis ici, sauf vérification, c’est que la lune ne se montre aimantée que par l’influence de la terre, à peu près comme un morceau de fer doux ne devient magnétique que par l’approche d’un aimant.. Cela vient-il de, ce que la lune nous présente constamment le même côté ? Ce fait, une fois admis, est des plus curieux, et j’avoue que je l’ignorais complètement.

Les observatoires naissent, comme par enchantement en Angleterre. La grandeur des fortunes aristocratiques et commerciales la mécanique de terre et de mer cultivée en grand, la nécessité de l’astronomie pour les navigateurs, le nombre et l’habileté des constructeurs d’instrumens de précision, tout favorise l’astronomie dans la patrie de Newton, de Bradley et d’Herschel. On peut aussi admettre comme cause secondaire le manque de ces relations de société, ou si l’on veut de civilisation, qui font le charme de la France, et dont la privation porte les Anglais et les Américains à des distractions plus isolées et plus sédentaires.

M. Warren de La Rue, astronome anglais bien connu par d’admirables dessins astronomiques, a cette année appliqué la photographie, à la représentation et à la mesure des objets célestes. La lune, Jupiter, les étoiles, ont donné leurs images, et on a obtenu ainsi un dessin des nuages de Jupiter aussi beau et sans doute encore plus exact que ceux que M. Leverrier a montrés récemment, à l’Académie, des Sciences, et dont l’auteur est M. Chacornac. À force de persévérance, M. de La Rue a obtenu un mécanisme qui laisse l’image de l’astre parfaitement fixe pendant près d’une minute, et permet de la photographier en perfection. De son côté, M. Bond, de l’observatoire américain de Cambridge, près Boston, a continué les travaux de photographie

  1. Je dois exprimer à ce propos le regret de voir les géographes de Gotha ne pas tenir suffisamment compte de mon système homalographique. La mappemonde gravée d’après cette projection est la seule qui conserve aux portions de la terre qu’elle représente la grandeur exacte qu’elles ont sur le globe sans plus de déformation du terrain que dans les autres représentations de la surface terrestre.