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ÉTUDES
sur
L’INDE ANCIENNE ET MODERNE




VII.
ÇAKYA-MOUNI
la société hindoue pendant la période bouddhique et l’invasion musulmane.




I.

S’élever au-dessus de la terre et parvenir à un monde meilleur, tel est le problème que tous les systèmes philosophiques et religieux de l’Inde ont cherché à résoudre. Parmi les chefs des écoles anciennes, il y en eut qui prétendirent que l’homme pouvait, par la seule énergie de ses facultés morales, dompter les puissances de la nature et commander aux élémens. Il s’agissait pour eux d’arriver à bien connaître les principes de toute chose. La science était le dernier mot de cette doctrine hardie. D’autres, moins éloignés de la tradition primitive, admettaient avec des dieux secondaires une divinité supérieure, symbole de ces mêmes puissances naturelles, souvent violentes dans leurs effets, — Çiva, appelé aussi Mahâdéva, — magnus deus. En pratiquant de rudes austérités, en se livrant à une méditation intense, l’adorateur de Çiva, pensaient-ils, devient assez fort pour soutirer l’éclat terrible qui réside dans le dieu objet de son culte, pour le désarmer en quelque sorte et arracher la foudre aux mains de ce Jupiter redoutable. Enfin d’autres penseurs, plus confians dans la bonté de Dieu, dont ils discernaient mieux les attributs, substituèrent à la science l’amour et la foi : ils se prirent à aimer