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Ainsi les bruits souterrains semblent se propager dans des directions déterminées, qui sont en rapport avec le système des fissures, auquel il faut rattacher la direction des chaînes volcaniques. L’éruption fut d’abord sèche : il tomba une quantité considérable de cendre chauffée qui alluma les forêts ; bientôt après un orage électrique se forma au-dessus du cratère, tous les torrens se gonflèrent et inondèrent en peu de temps tous les alentours.

Je mentionnerai encore, en terminant, l’éruption du mont Guntur, qui eut lieu en 1843, parce qu’elle peut donner une idée de la hauteur extraordinaire à laquelle s’élèvent les cendres volcaniques. M. Junghuhn se trouvait, au moment de l’éruption, dans le voisinage de ce volcan. Il assure que le jour de l’événement on voyait des nuages arrondis voyager dans le ciel à deux mille mètres environ de hauteur. Au-dessus on distinguait les longues traînées des nuages qui flottaient dans la région supérieure de l’atmosphère. On vit bientôt monter sur l’horizon un nuage gris qui, en deux heures, s’étendit peu à peu jusqu’au zénith et envahit de plus en plus le ciel : c’étaient les cendres que le Guntur avait vomies et qu’emportait le vent. La teinte de cette grande nappe opaque contrastait avec la blancheur des nuages ordinaires, qu’on aperçut encore pendant quelque temps au-dessous des cendres volcaniques ; mais bientôt ils disparurent, une ombre de plus en plus épaisse recouvrit tous les objets ; le dernier segment de ciel bleu s’obscurcit, et le nuage noir se déploya comme un voile épais sur la terre. Il fallut allumer des lampes et des torches. Les cendres tombaient peu à peu en pluie lente et silencieuse, et après quelques heures seulement le ciel s’éclaircit de nouveau par degrés.


III

Nous avons cherché à faire connaître les phénomènes qui caractérisent les phases les plus extrêmes de l’activité volcanique à Java. En les comparant à ceux qu’on observe dans les autres régions du globe, on se trouve naturellement amené à présenter quelques considérations générales sur l’action des forces volcaniques. En lisant les descriptions des géologues et des voyageurs, on reconnaît bientôt que les actions lentes qui préparent les éruptions, ou leur survivent comme les derniers symptômes d’une vitalité expirante, se ressemblent dans toutes les parties de la terre : les derniers effets de la volcanicité, si l’on pouvait s’exprimer ainsi, semblant être partout les mêmes. Au contraire, si l’on observe les effets des forces souterraines à leur plus haut degré d’irritation dans les principaux districts volcaniques du globe, on voit qu’ils