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ne sont pas toujours semblables, et souvent diffèrent entièrement de l’un à l’autre. Il semble donc qu’il soit permis d’établir une classification naturelle des volcans. Si, comme le fait M. de Humboldt, il faut les définir « des canaux qui établissent une communication entre l’atmosphère et les parties internes du globe, » il est naturel qu’on mesure l’intensité volcanique par la facilité plus ou moins grande avec laquelle s’établit cette communication. On peut choisir pour points de comparaison le grand volcan des îles Sandwich, le Vésuve, et l’île même de Java.

Le volcan de l’île Hawaii, qui fait partie de l’archipel des îles Sandwich, a été très bien décrit dans le voyage du commodore américain Wilkes : les deux immenses cratères du Mouna-Loa et du Mouna-Kilauea sont ouverts l’un au sommet, l’autre sur le flanc de la même protubérance volcanique. Le cratère du Kilauea, d’après les mesures des officiers américains, n’a pas moins de 12 kilomètres de circuit ; celui du Mouna-Loa après de 6 kilomètres de longueur sur 4 kilomètres de largeur ; tous deux ont environ 1,000 mètres de profondeur. La lave qui remplit le fond de ces gigantesques chaudières ne se refroidit jamais entièrement à la surface dans l’intervalle des éruptions ; il reste toujours un grand lac de lave liquide d’un rouge cerise éblouissant, par où les vapeurs s’échappent librement et presque sans bruit, en rejetant la lave à une très faible hauteur et formant au-dessus d’elle un nuage illuminé. Lorsqu’une éruption doit avoir lieu, la lave brise l’enveloppe refroidie et s’élève lentement. Avant que le lac de feu ait atteint les bords du cratère, la pression de cette énorme colonne liquide devient ordinairement assez forte pour crever les flancs du volcan. L’issue frayée, la lave s’écoule, elle redescend peu à peu dans le cratère au niveau habituel. Une pareille éruption n’est donc véritablement qu’un paisible déversement de matière fondue : le phénomène n’est annoncé par aucune détonation, aucune commotion violente ; il n’est accompagné d’aucune explosion de débris rejetés en dehors du volcan. Les habitans d’Hawaii ne reconnaissent souvent l’éruption qu’à la lueur rouge qui la nuit enveloppe le sommet de la montagne, et devient alors plus intense. Il est pourtant impossible de ne pas voir dans ce phénomène, si calme qu’il soit, la plus haute expression de l’activité volcanique. Seulement les vapeurs, s’échappant sans cesse par le lac de lave comme les bulles qui montent dans l’eau en ébullition, n’ont qu’une très faible pression, et ne peuvent jamais s’accumuler en quantité suffisante pour produire des phénomènes explosifs.

Au Vésuve, l’activité volcanique présente une expression déjà amoindrie : l’écoulement des laves y est beaucoup moins considérable