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se renouvellent plus souvent que celles de l’Etna, qui atteint 3,313 mètres. Les volcans géans des Andes ne rejettent des vapeurs et des cendres qu’à des intervalles séculaires, tandis que ceux de Java sont presque tous dans un état continuel d’irritation. La hauteur des montagnes exerce-t-elle une influence aussi directe sur la nature que sur le nombre des éruptions ? C’est ce qui semble douteux. On a souvent prétendu qu’il ne sort point de coulées de lave des volcans des Andes, parce que les matières en fusion ne peuvent s’élever jusqu’au sommet de ces colossales montagnes ; mais les coulées de lave sont aussi rares dans la chaîne volcanique de Java, dont les pitons sont à un niveau beaucoup plus bas. La sortie des laves paraît même être un phénomène moins exceptionnel dans les Andes que dans l’île de Java. L’Antisana, montagne voisine de Quito et haute de 6,378 mètres, a vomi plusieurs fois de la lave ; dans les Andes du Chili, on a vu descendre d’immenses coulées des flancs du volcan Antuco, qui s’élève à 5,300 mètres au-dessus du niveau de la mer.

La volcanicité terrestre a une intensité variable dont on peut suivre tous les degrés dans les volcans actifs, depuis le grand volcan d’Hawaii, d’où sortent sans cesse d’immenses fleuves de lave, jusqu’aux volcans de Java, d’où s’échappe seulement de l’eau. Quoique les volcans agissent d’une manière intermittente et assez variable, on peut donc, en envisageant l’ensemble des phénomènes volcaniques dans une même région, y reconnaître certains caractères constans. Les matières qui remplissent le sein de la terre, véritable image de ce que les anciens appelaient le chaos, sont groupées sous l’influence d’une extrême température et d’une immense pression, suivant des affinités que nous ne pouvons saisir : la nature en sépare à son gré les laves et les vapeurs volcaniques. Jusqu’à ce que nous ayons surpris son secret, il faut nous borner à étudier avec soin la structure des volcans et la nature de leurs éruptions. On commencé à examiner, avec les secours nouveaux de l’analyse chimique, l’ordre dans lequel se dégagent les gaz et les vapeurs durant la même éruption. M. Charles Deville a entrepris récemment, avec beaucoup de succès, cette curieuse étude sur le Vésuve. Il n’est pas douteux que de telles recherches, entreprises comparativement dans plusieurs régions volcaniques, jetteraient un grand jour sur les questions encore obscures qui se rattachent aux réactions de l’intérieur de notre globe sur l’enveloppe externe.

L’émission des laves représente le plus haut degré de l’activité volcanique ; mais les éruptions de cendres et de vapeurs sont les plus redoutables. On ne craint guère les éruptions du Vésuve, si fréquentes aujourd’hui : la lave s’est frayé des passages faciles et permanens ;