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UNE
HISTOIRE DE CHASSE



I. — FÊTE PATRONALE.

Le troisième dimanche du mois d’août de l’an 184..., par un chaud soleil d’été, la route qui conduit de Compiègne au village de Verberie avait vu passer un nombre inusité de carrioles et de pataches gorgées de monde jusqu’au faîte, sans parler de piétons en habits de fête qui bravaient gaiement une chaleur tropicale. Il était facile de trouver la cause de toutes ces pérégrinations, car on pouvait lire sur les murs de Compiègne en caractères noirs sur fond jaune : « Avec autorisation de M. Le maire, aujourd’hui dimanche 17 juillet, fête patronale du Soupizot. » Venait ensuite une liste des plaisirs réservés aux visiteurs, tels que bal illuminé en verres de couleur, jeux de bague, feu d’artifice, qui, sans atteindre les sublimités de la réclame parisienne, ne laissait pas de faire grand honneur au rédacteur municipal. Quelques retardataires s’avançaient encore au pas accéléré sur la route poudreuse, quand le lecteur nous permettra de l’introduire dans un véhicule qui parcourait à une allure modérée un paysage éclairé par les rayons d’or du soleil couchant, et que, vu la pauvreté de la langue, nous désignerons sous le nom plus pittoresque qu’élégant de dog car, dont nos voisins d’outre-mer l’ont baptisé. Ce char à chien, pour traduire fidèlement, avait sans contredit vu de beaux jours, et sa coupe décelait une main habile; mais l’injure du temps n’avait respecté ni ses brillantes couleurs, ni ses ressorts d’acier, et au moindre cahot