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notre globe. Si nous avions soumis ces dépôts à une classification purement géologique, nous aurions dû prendre pour point de départ, soit la tourbe sous le rapport de la formation des matières carbonifères, soit l’anthracite sous le rapport de la superposition des terrains sédimentaires. La houille et le lignite sont les deux termes moyens d’une série où l’anthracite se trouve placé tout à fait à la partie inférieure. La formation houillère peut être considérée comme séparée de la formation d’anthracite par ce calcaire carbonifère qui est, on l’a vu, la roche caractéristique des bassins houillers d’origine pélagienne. Il y a là une ligne de démarcation géologique fort nette qui permet de dire, pour un gisement déterminé de combustible à la limite des terrains primaires et secondaires, s’il s’agit d’anthracite ou de houille. Il suffit en effet de constater l’antériorité ou la postériorité du dépôt carbonifère relativement au dépôt calcaire qui accompagne presque toujours la première de ces deux substances. Cette distinction scientifique n’est pas d’accord cependant avec la distinction industrielle, qui repose sur d’autres bases. On a remarqué que généralement les couches d’un bassin houiller sont d’autant plus bitumineuses qu’elles sont plus élevées, comme si l’influence de la chaleur centrale du globe terrestre avait été en diminuant à mesure que la couche qui la subissait était plus éloignée du foyer. Le même phénomène paraîtrait aussi se produire dans le passage de l’anthracite à la houille. En fait néanmoins, des couches supérieures d’anthracite ont souvent le caractère découches de houille, et des couches inférieures de houille sont aussi maigres que des couches d’anthracite, de telle sorte que la question d’âge du combustible n’a plus, dans certaines localités, aucun intérêt pour l’emploi industriel.

Le terrain anthracifère a du reste une composition analogue à celle du terrain houiller, et l’origine des deux combustibles semble identique. Sans revenir à ce propos sur les systèmes relatifs à la formation de la houille, ou sur la nature des roches stériles du terrain carbonifère, il vaut mieux arriver tout de suite à la distribution des couches d’anthracite en France. L’anthracite se trouve dans le Forez, dans l’Anjou, dans le Maine surtout, où la présence simultanée du doyen des combustibles minéraux et du calcaire auquel il est subordonné, jointe à la nature du sol, a littéralement changé la face du pays en développant la fabrication de la chaux, pour laquelle l’anthracite est particulièrement propre. Si le bassin anthracifère du Maine ne nous présente pas les incidens et les épisodes que nous avons rencontrés dans nos bassins houillers du nord et de l’est, il appelle notre attention à un autre titre. L’industrie minérale et l’industrie agricole, qui n’ont généralement aucune relation, et dont les intérêts sont même souvent opposés, s’y montrent