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de chemins de fer. Ces timbres sont régulièrement progressifs, de façon que des négociations de 15,000 fr. de rente 3 pour 100 ou de 22,500 fr. de rente 4 1/2 pour 100 se constatent par engagement portant un timbre de 25 fr., de même qu’on paie un timbre de 12 fr. 50 cent, pour un marché de deux cent cinquante actions de chemins de fer, etc.

Le produit entier de ces timbres, versé à la caisse syndicale, est réparti exactement entre les soixante agens de change de Paris, une fois les dépenses de cette caisse payées, et constitue une véritable subvention au profit de ceux qui font le moins d’affaires et au détriment des plus favorisés. Or le produit des timbres, qui constate le nombre des marchés à terme, constate aussi le nombre des négociations au comptant, car toutes les fois qu’un agent de change livre à un confrère une quantité de valeurs qui représente un capital de 5 à 10,000 fr., il constate cette livraison par un bordereau revêtu d’un timbre de 1 fr. Pour une livraison de 100,000 fr., ce timbre est de 10 fr., et ainsi de suite. Le timbre frappe donc toutes les affaires à tenue et au comptant, excepté celles de ces dernières dont le capital est inférieur à 5,000 fr., comme aussi toutes les affaires qui n’exigent pas le concours de deux agens. Si en effet un agent de change reçoit à la fois de deux cliens différens l’ordre d’acheter et de vendre la même valeur, il fait ce qu’on appelle une application aussi bien au comptant qu’à terme, et il échappe ainsi à la dépense du timbre. Ces applications, dont on peut assez facilement évaluer l’importance, ne doivent rien changer aux résultats de la comparaison qu’il s’agit de faire ; elles sont en effet proportionnelles au nombre des transactions constatées par timbre à l’une comme à l’autre époque.

Si maintenant on multiplie par le nombre des agens, c’est-à-dire par 60, la répartition faite tous les six mois à chacun d’entre eux du produit total des timbres, il sera facile de savoir le chiffre exact des transactions opérées à la Bourse de Paris dans la période triennale de 1835, 1836, 1837, comme dans celle de 1855, 1856 et 1857. Cette répartition a donné à chaque agent de change en 1835 20,890 fr. 89.c, en 1836 17,265 fr., en 1837 15,879 fr. 80 c., soit pour six semestres 54,035 fr. 69 c. et, en moyenne pour chacun d’eux, un peu plus de 9,000 fr. Pour les soixante agens de change, c’est une répartition semestrielle de 540,000 fr., qui représente 216,000 timbres à 2 francs 50 cent., ou 432,000 timbres à 1 franc 25 cent., c’est-à-dire que, dans le premier cas, il y aurait eu 324 millions de rentes négociés en six mois à la Bourse de Paris, et dans le second 10,800,000 actions de chemins de fer ; mais alors on ne négociait pas de ces actions plus fructueuses pour les agens que la rente.