Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/911

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

L’institution des concours agricoles, sur le modèle des exhibitions anglaises, continue à se développer. Il n’y a pas eu de concours universel en 1857, et le plus prochain n’aura lieu, dit-on, qu’en 1859. C’est bien assez tôt. En revanche, on a augmenté le nombre des concours régionaux ; ils seront au nombre de dix en 1858 et de douze en 1859. Il est à regretter, puisqu’on y était, qu’on ne se soit pas décidé à les porter tout de suite à quinze ou seize. Plus ces concours se rapprochent des véritables cultivateurs, plus ils sont utiles. Dès qu’on associe plus de cinq départemens, les circonscriptions deviennent trop étendues. Prenons pour exemple la région qui doit se réunir à Mâcon en 1858 ; elle se compose de dix départemens de la frontière de l’est, depuis la Haute-Saône jusqu’aux Hautes-Alpes, sur une longueur de plus de cent lieues. Peut-on croire que les agriculteurs des deux extrémités viendront de Vesoul ou de Gap à Mâcon avec leurs animaux, leurs produits et leurs instrumens ? La culture des Hautes-Alpes ou de l’Isère n’a d’ailleurs que peu de rapports avec celle du Doubs ou du Jura.

En attendant, il y a eu en 1857 huit concours régionaux seulement, dont chacun embrassait en apparence de dix à douze départemens. Ces solennités agricoles ont eu lieu à Évreux pour le nord-ouest, au Mans pour l’ouest, à Melun pour le nord, à Bar-le-Duc pour le nord-est, à Montbrison pour l’est, à Châteauroux pour le centre, à Pau pour le sud-ouest, à Mende pour le sud-est. Comme il était facile de le prévoir, les quatre premières régions, appartenant aux contrées les plus prospères, ont présenté un plus grand intérêt actuel que les quatre autres. On a pu cependant constater partout des efforts d’autant plus méritoires qu’ils ont à lutter contre de plus mauvaises circonstances locales. Évidemment, si une grande partie du territoire languit encore dans un si triste état, ce n’est pas faute de pionniers habiles et résolus, ce n’est pas davantage la conséquence nécessaire de la nature du sol et du climat ; c’est l’insuffisance des débouchés et des capitaux qu’il faut en accuser.

Ces concours empruntaient cette année un attrait particulier à une innovation essayée pour la première fois, l’institution des grandes primes d’honneur. Aux récompenses ordinaires pour les animaux et les produits, M. le ministre de l’agriculture et du commerce vient d’ajouter un prix de 8,000 fr. à décerner tous les ans, dans chaque région, à l’exploitation la mieux entendue du département où se tient le concours. Il y a donc eu cette année huit prix de ce genre. L’utilité de cette institution peut être contestée. Les primes données aux meilleurs produits, soit agricoles, soit industriels, à la