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pour tout ce qui touche à cet art du draineur, devenu si vite un des plus utiles et des plus recherchés. Le texte est accompagné d’un grand nombre de planches intercalées qui font connaître dans toutes leurs parties les machines et instrumens en usage dans les différentes branches de cette industrie. M. Barrai évalue à douze millions d’hectares, c’est-à-dire au quart environ de la surface imposable, l’étendue des terres qui pourraient être utilement drainées en France ; en Angleterre, on l’estime à la moitié. À 200 fr. seulement par hectare, il ne faudrait pas moins de 2 milliards et demi pour accomplir chez nous ce grand travail. D’après M. Barrai, il y avait en France, à la fin de 1856, 35,000 hectares drainés. Le département de Seine-et-Marne y figure à lui seul pour 8,000 hectares ; c’est de beaucoup celui qui en a le plus. Après, viennent le Pas-de-Calais, qui en a 5,000 ; l’Ain, 3,000 ; le Nord, 2,300 ; le Calvados, 1,500 ; l’Oise, 1,200, etc. Ces six départemens ont ensemble 21,000 hectares drainés ; les 80 autres n’en ont en tout que 15,000, et dans le nombre il en est 40 où le drainage est encore à peu près inconnu.

Trente-cinq mille hectares, c’est un bon commencement, mais ce n’est qu’un commencement ; il a fallu sept ans environ pour les faire : à ce compte, il faudrait plus de deux mille ans pour drainer le quart du territoire. M. Barral espère que les choses iront plus vite à l’avenir ; nous verrons bien. Même sans parler de l’Angleterre, le drainage fait en Belgique beaucoup plus de progrès que chez nous. On y comptait, à la fin de 1856, 28,000 hectares drainés ; comme le territoire belge n’est que le vingtième du nôtre, c’est proportionnellement autant que si nous en avions 560,000. Le gouvernement belge ne dépense cependant que 9,000 fr. par an pour encourager le drainage, tandis que notre gouvernement dépense beaucoup plus. Dans le royaume de Hanovre, dans la monarchie prussienne, on est moins avancé qu’en Belgique, mais plus qu’en France. Ce n’est pas une des parties les moins intéressantes du traité de M. Barral que l’exposé de toutes les législations sur le drainage. Il a reproduit in extenso la traduction de 32 lois anglaises qui ne remplissent pas moins de 320 pages en petit caractère. Il suffit d’avoir lu une fois dans sa vie une loi anglaise, pour se faire une idée de ce que peut être un pareil travail. On y suit en quelque sorte année par année les efforts du parlement pour vaincre toutes les difficultés de détail qui s’opposent à l’extension de la grande entreprise qu’il veut favoriser. Tout est prévu et réglé avec un soin minutieux ; nos voisins n’ont reculé devant aucun moyen, pas même devant le drainage forcé ; il est vrai que les principes exceptionnellement posés par la loi n’ont pas chez eux les mêmes inconvéniens que chez nous, où ils sont bien vite poussés à leurs dernières conséquences.

Les sommes avancées jusqu’ici par le gouvernement anglais pour