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être par les prétentions et les passions qui les compliquent, on ne peut évidemment les remettre aux décisions de la force, nul esprit sensé n’y peut songer ; seulement plus on les observe, mieux on aperçoit la difficulté d’arriver à une transaction qui semble reculer à mesure qu’on s’évertue à la poursuivre. C’est là justement l’histoire du démêlé existant entre le Danemark et l’Allemagne, démêlé qui s’agite tout à la fois aujourd’hui à Francfort, à Copenhague, à Vienne, à Berlin, et qui ne peut qu’attirer l’attention de tous les cabinets également intéressés à sauvegarder l’intégrité de la monarchie danoise, et à maintenir la paix au centre de l’Europe. Tout ce qu’il est possible de faire, c’est de contenir un tel conflit dans de justes limites sans trop essayer de pressentir comment il se dénouera. On sait comment cette singulière affaire est entrée dans la phase où elle est aujourd’hui. Il y a plus de huit ans que les duchés sont en querelle avec le Danemark, revendiquant des droits et des privilèges qu’ils s’attribuent comme membres de la confédération germanique, intéressant à leurs prétentions plusieurs cabinets, appelant à leur aide toutes les passions allemandes, et en définitive neutralisant les efforts de la monarchie danoise pour se constituer. Pendant les deux dernières années, l’Autriche et la Prusse ont suivi des négociations continuelles avec le cabinet de Copenhague. Le Danemark de son côté a essayé de réunir des assemblées dans les duchés pour leur soumettre une constitution particulière. Rien n’a réussi. Dès lors l’intervention de la diète de Francfort est devenue à peu près inévitable. C’est le Hanovre, le plus animé et le plus passionné des états allemands dans cette lutte, qui s’est chargé de porter le premier la cause du Lauenbourg devant l’autorité suprême de la confédération. L’Autriche et la Prusse à leur tour ont transmis à la diète tout ce qui concernait les négociations infructueuses qu’elles ont suivies au sujet du Holstein. Un comité, a été nommé pour éclaircir toute cette affaire, et, après un examen prolongé, à quelles conclusions est arrivé ce comité ? Il a préparé une série de résolutions d’où il résulte que tout ce que le Danemark a fait jusqu’ici est nul, que les lois et ordonnances relatives à l’organisation du Holstein et du Lauenbourg ne réalisent nullement les promesses faites par le cabinet de Copenhague en 1852, et que la constitution commune donnée à la monarchie danoise est incompatible avec les principes du droit fédéral. En conséquence, le comité de Francfort propose à la diète de s’adresser au Danemark pour lui demander d’établir dans le Holstein et le Lauenbourg une situation plus conforme au droit de la confédération, propre à garantir l’indépendance des constitutions particulières et des administrations des duchés en même temps que leur position d’égalité dans la monarchie. Ces résolutions n’avaient pas jusqu’ici un caractère absolument définitif, puisque la diète ne les avait point encore sanctionnées ; elles viennent d’être tout récemment adoptées.

Tandis que les choses se passent ainsi à Francfort, la lutte n’est pas moins vive à Copenhague, où elle se produit sous d’autres formes, et où elle fait naître de nouveaux incidens qui viennent à leur tour retentir au sein de la diète germanique. Le conseil suprême, composé selon la constitution des représentans de tous les états de la monarchie danoise, est en ce moment réuni à Copenhague. Des projets de loi d’une certaine importance ont été