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était mieux placé sur l’Aube ou sur la Marne que vers Sens ou Langres, qu’il y était mieux en mesure de reposer et de réorganiser son armée, de contenir dans l’obéissance les tribus qui n’avaient pas encore fait défection, de communiquer avec le Rhin.

Continuant notre enquête, nous avons remarqué que les Gaulois, battus un soir, se trouvaient le lendemain bien retranchés et bien munis dans et sous Alesia ; nous en avons conclu que cette position avait dû être occupée, fortifiée et approvisionnée d’avance.

Nous avons examiné si Vercingétorix avait pu s’établir ainsi dans l’Alaise séquane. Nous avons reconnu qu’il eût été là en dehors de toutes les lignes d’opérations. Il n’y pouvait venir qu’avec l’intention de barrer la route à César, ce qui était contraire à ses résolutions hautement annoncées. Dans ce cas même et en supposant que les Romains dussent forcément passer par la Séquanie, il était mal placé à Alaise, car la ligne de retraite des légions était par la vallée de la Saône et non par le Jura. Il fallait encore admettre que César n’eût tiré aucun parti de la faute commise par son adversaire en se postant d’une façon aussi excentrique.

Au contraire le Mont-Auxois, emplacement de l’Alise bourguignonne, devait attirer l’attention de Vercingétorix et par sa configuration, qui en faisait un lieu très fort, et par sa situation avancée, formant enclave dans le territoire ennemi. En s’y établissant, il couvrait Autun et se trouvait à portée de toutes les routes que pouvait suivre César, quel que fût le point de départ de l’armée romaine ; il était au milieu d’un pays très propre à l’emploi de sa cavalerie, dont il comptait surtout faire usage.

Le texte des Commentaires sous les yeux et le compas à la main, nous avons cherché sur la carte le théâtre du combat qui a précédé l’investissement d’Alesia. Supposant que César partait des environs de Langres et Vercingétorix d’Alaise, nous avons d’abord parcouru les rives de la Saône et de quelques-uns de ses affluens ; avec un peu de bonne volonté, on peut mettre dans cette région les deux armées aux prises, mais dans des conditions de temps et de distances bien défavorables à cette hypothèse. Nous sommes passés ensuite dans la vallée de l’Aube, qui nous a présenté un emplacement parfaitement convenable de toutes manières, si l’on admet que les Romains venaient de Vitry, et les Gaulois d’Alise. Enfin nous avons terminé notre campagne sur les bords de l’Armançon, où d’Anville et d’autres autorités sérieuses ont placé le champ de bataille. Les distances mesurées nous ont montré qu’à moins de coïncidences remarquables, il était malaisé de placer dans cette vallée la rencontre de César, arrivant de Sens, et de Vercingétorix, parti d’Autun. La configuration du terrain, la direction du cours d’eau, ne se prêtent que mé-