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peu espacées et d’égale hauteur. Certes les accidens de terrain ne manquent pas autour du massif d’Alaise ; mais ce sont des mamelons, des pics, des plateaux, dont la disposition est fort irrégulière et les formes très diverses ; les cotes qui les distinguent varient entre 411 et 830.

Alesia avait une citadelle (arx). M. Delacroix la place au nord-ouest, un peu au-dessous du confluent du Lison et du Todeure, sur un petit plateau assez élevé, appelé les Mouniots, bordé de rochers, entouré d’un ravin, et qui réunirait bien les caractères d’une espèce de réduit, si la partie méridionale du massif au-delà de Saraz n’était pas plus haute d’environ cent mètres. La ville elle-même se serait développée au sud et à l’est de la citadelle autour de l’emplacement actuel d’Alaise. Le camp gaulois aurait été plus à l’est encore, en un lieu appelé Chataillon, entre un ressaut de terrain et la gorge du Lison. Cet espace est fort étroit, et comme les bords escarpés de la rivière opposaient à l’ennemi un obstacle suffisant, le mur de six pieds et le fossé mentionnés par César auraient été tournés non vers l’extérieur, mais vers la ville, comme une sorte de seconde ligne de défense. Cette donnée paraît difficile à admettre. Il y avait d’autres fortifications bien plus essentielles à établir vers Saraz et la forêt de Ferrans (car il ne faut faire aucune attention aux bois qui régnent à peu près partout), dans toute cette partie haute du massif qui n’était pas couverte par la ville, et qu’il importait de conserver. C’est là qu’il était naturel d’établir le camp retranché ; mais alors il serait au midi, et les Commentaires veulent qu’il soit à l’est.

Quoi qu’il en soit, l’armée gauloise est groupée et retranchée sur la position dite d’Alaise, et nous supposerons un moment qu’elle l’occupe tout entière, c’est-à-dire que les mesures prises ne permettent pas à l’ennemi de pénétrer dans l’espace compris entre le Lison et le Todeure sans un assaut de vive force. Vercingétorix est dans la citadelle ; sa vue s’étend au loin sur les hauteurs qui sont à l’ouest et au nord, et qui presque toutes sont dominées par le mamelon des Mouniots. C’est de ce côté qu’il doit s’attendre à voir venir l’armée romaine, car c’est de ce côté qu’a dû être livrée la bataille de la veille. Ne consultons que la carte ; rappelons-nous que César vient du pays des Lingons, qu’il a dû en deux jours franchir montagnes, forêts et rivières sur rivières, le tout en combattant. Il marche donc à tire-d’aile, en ligne droite, sur les traces des fuyards, et ne fait halte qu’au moment où il les voit bien établis sur une forte position. Ce spectacle s’offre à ses yeux quand ses troupes couronnent les hauteurs qui dominent Myon et la vallée du Todeure entre By et Bartherans ; il arrête alors ses légions et les fait camper sur ce point, car il y rencontre « un vaste et superbe plateau qui peut contenir une im-