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nous a semblé la plus logique, la plus militaire, étant donnés les armes et les moyens dont les anciens disposaient. Elle est, il est vrai, assez faible entre Réa et le Rabutin ; mais ici, pour couronner les crêtes, il eût fallu se porter à plusieurs centaines de mètres en avant, s’éloigner encore de la place, augmenter le développement déjà excessif des ouvrages. C’est donc à cette partie de la ligne extérieure qu’on peut exactement appliquer tout ce que dit César du front attaqué par le corps de Vercassivellaun. On remarquera encore que les enceintes ne sont pas partout équidistantes : sur les hauteurs, elles sont séparées par un intervalle plus considérable que dans les lieux bas ; mais cette circonstance est heureuse, car c’est là qu’étaient les principaux camps et qu’il fallait le plus d’espace. Nous sommes arrivés aux conclusions que nous venons de poser en ne consultant que la carte et en ne considérant que la situation respective des deux armées ; le résultat de cette étude nous a donné des mesures sensiblement semblables à celles que mentionne César. Le commandant Du Mesnil est, il est vrai, d’une opinion contraire : il a trouvé que, selon le relief du terrain, le développement de la ligne intérieure ne devait pas excéder douze mille cinq cents mètres, et celui de la ligne extérieure dix-huit mille mètres ; mais il n’appuie cette assertion d’aucun détail qui permette de l’apprécier. Nous n’avons pas cru non plus pouvoir admettre le double tracé que le commandant de Coynart a figuré sur une carte annexée à son second et intéressant mémoire[1]. D’après le système adopté par cet officier supérieur, la contrevallation serait presque partout sur les pentes, au lieu de tenir le bord supérieur des crêtes, et la plaine des Laumes se trouverait en grande partie comprise dans les deux lignes. M. de Coynart pense que, dans la plaine, le fossé perdu devait être à une assez grande distance du Mont-Auxois, parce que de ce côté les travailleurs romains, plus rapprochés de la place, eussent été trop exposés aux brusques attaques de la cavalerie gauloise ; mais c’est après le départ de cette cavalerie que César commença son ouvrage continu[2]. Auparavant, il n’avait enveloppé la place que par des forts détachés. L’infanterie de Vercingétorix seule prit part aux sorties qui se succédèrent pendant la construction des lignes, et l’intervalle que nous avons laissé entre ces lignes et la place était suffisant pour donner aux travailleurs le temps de se rallier en cas d’attaque et de se faire soutenir par leurs réserves. Si, en plaine, M. de Coynart nous paraît mettre trop d’espace entre la contrevallation et la place, nous trouvons qu’il les rapproche inutilement dans

  1. Spectateur militaire, 15 février 1857.
  2. « Quibus rebus cognitis Cæsar hæc genera munitionis instituit. » B. G., vii, 72.