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la région montagneuse. Il semble d’ailleurs peu naturel que le proconsul ait été construire son parapet à mi-côte, quand il pouvait l’établir au sommet d’une pente escarpée. Enfin, si presque toute la plaine est enfermée dans les retranchemens romains, où auront lieu les premières opérations de l’armée de secours ?

Cette armée arrive du pays des Éduens, c’est-à-dire du sud ; elle vient occuper les hauteurs qui dominent la plaine des Laumes, audessus de Mussy-la-Fosse et de Venarey. C’est de ce point que la cavalerie des Gaulois descend dans la plaine pour offrir le combat à la cavalerie ennemie ; c’est de là que leur infanterie assiste à cette espèce de rencontre en champ clos, tandis que de Réa, des plateaux de Savoigny et de Flavigny, les légionnaires peuvent suivre aussi les diverses phases de ce drame sanglant. C’est encore dans cette même plaine que se trouvaient les campestres munitiones (nous nous abstenons cette fois de tout essai de traduction par périphrase), que l’armée de secours essaya d’enlever par une surprise de nuit. Voici sur les flancs du Mont-Plevenel et du plateau de Savoigny, voici les lieux escarpés que les assiégés gravissent pour essayer d’y forcer la contrevallation, pendant que Vercassivellaun tente son énergique effort contre le front extérieur, qui s’étendait de Réa au Rabutin. Là, au-dessus de Menetreux, était la colline située au nord que César n’avait pu envelopper dans son enceinte. Le chemin suivi par Vercassivellaun pour arriver à l’improviste sur ce point est tout tracé. Il sera descendu dans la vallée de la Brenne par le ravin à l’est de Grignon ; après avoir suivi cette vallée jusque vers la ferme de Flacey, il aura remonté le ru d’Éringes, caché dans ce ravin, dont les racines aboutissaient devant le front de la ligne romaine. Au moment où l’attaque commence, on voit César posté sur le plateau de Flavigny, là où s’élève le noyer qui a servi de signal à nos ingénieurs géographes, et qui domine non-seulement le Mont-Auxois, mais toutes les collines voisines[1]. D’un seul coup d’œil, il peut embrasser et juger l’importance des diverses actions qui s’engagent sur plusieurs points. Quand il a donné ses ordres, pourvu au plus pressé, il court repousser l’assaut donné par Vercingétorix au Mont-Plevenel et au plateau de Savoigny. Vercingétorix battu, le proconsul va rejoindre Labiénus et descend dans la vallée du Rabutin ; c’est alors que se passe cette scène émouvante, quand, à l’éclat de ses vêtemens, il est reconnu de loin par ses soldats, comme par leurs adversaires, et salué par des cris de rage ou d’admiration. En ce moment, une heureuse inspiration le saisit ; tandis qu’il conduit ses bataillons et quelques-uns de ses escadrons au secours des légionnaires épuisés par leur longue résistance aux efforts de Ver-

  1. Voir les cotes sur la carte.