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Pour elle, la difficulté n’était pas seulement de gravir les hauteurs sous les yeux de l’armée anglaise ; une fois arrivée sur le plateau, elle était exposée de plus à avoir sur les bras tout ou partie des six divisions françaises campées à portée des Anglais. Il fallait donc accabler tout d’abord ceux-ci, et, pour y réussir, empêcher, au moyen de diversions exécutées sur les autres points de la circonférence, les Français de leur venir en aide. Le prince Menchikof se détermina en conséquence à former trois attaques : une principale du côté d’Inkerman, puis deux autres, qui étaient destinées à occuper le corps d’observation du général Bosquet du côté de Balaclava, et celui du général Forey du côté de la mer. L’attaque principale fut confiée au général Dannenberg, qui dut se jeter sur les Anglais avec la majeure partie des forces russes, quarante-neuf bataillons et cent trente-quatre bouches à feu ; le prince Gortchakof II, avec seize bataillons, cinquante-huit escadrons et cent bouches à feu, fut chargé de la diversion dans la vallée de Balaclava ; le général Timofeïef, avec quatre bataillons, de la sortie contre les lignes françaises ; enfin le général Moller, avec le reste de la garnison, fort de vingt-sept bataillons, eut pour instructions, en cas de succès du corps principal, d’attaquer les tranchées des alliés. Six bataillons furent laissés à la ferme Mackensie.

Le général Dannenberg, pour faciliter le débouché de ses troupes, les divisa en deux colonnes à peu près d’égale force. Vingt-neuf bataillons (les régimens de Kolyvan, Tomsk, Katharinbourg, Uglitz, Butir, Susdal, Wladimir) et trente-huit bouches à feu, formant la colonne de droite, furent confiés au général Soïmonof. Cette colonne, étant destinée à attaquer la droite et le centre des Anglais, fut introduite quelques jours à l’avance dans la ville. Vingt autres bataillons (les régimens de Taroutino, Borodino, Okhotsk, Yakoutsk, Selensky) et quatre-vingt-seize bouches à feu, composant la colonne de gauche et la réserve sous les ordres du général Pavlof, demeurèrent en arrière du pont d’Inkerman.

Quant aux détails de l’opération, nous ne croyons pouvoir mieux faire que de reproduire ici en substance les instructions données à ces deux généraux :


« Les troupes de la colonne de droite, aux ordres du lieutenant-général Soïmonof, se trouveront réunies, à quatre heures du matin, près du bastion N° 1, et se mettront en mouvement, à cinq heures, dans l’ordre suivant : deux compagnies de carabiniers, le 1er  et le 2e bataillon du régiment de Kolyvan, la batterie n° 2 de la 2e brigade d’artillerie, les 3e et 4e bataillons du régiment de Kolyvan, les 3e et 4e bataillons du régiment de Tomsk, la batterie n° 1 de la 16e brigade d’artillerie, le 2e et le 1er  bataillon du régiment de Tomsk, les régimens de Katharinbourg, Uglitz, Butir, Susdal et Wladimir, les batteries n° 4 et 5 de la 17e brigade d’artillerie, deux compagnies de sapeurs, une sotnie du