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cavalerie, ni vélites. Chaque fois que César emploie les mots légions, légionnaires, c’est uniquement pour désigner des corps, des soldats d’infanterie de ligne. Les troupes légères à pied et à cheval lui avaient été jusqu’à ce jour fournies par les auxiliaires gaulois, qui tous avaient disparu. En fait de cavalerie, il lui restait, d’après ses propres indications, environ 400 Germains[1], quelques chevaliers romains et un petit nombre de vétérans rappelés au service (evocati) ; mais alors déjà l’ordre équestre était adonné plutôt aux finances qu’au métier des armes, et les Commentaires nous montrent les chevaliers romains presque toujours employés aux services administratifs, levées d’impôts, achats de grains ou de fourrages, etc. Quant aux vétérans, ils devaient faire un métier d’escorte et de police. En tout cas. César tenait si peu aux uns et aux autres, qu’il n’hésita pas à les démonter quelques jours plus tard[2]. Avait-il à sa disposition d’autres corps de troupes à cheval ? Quelle en était la force ? Comment étaient-ils composés ? C’est ce qu’il est impossible de déterminer. Cependant quelques passages du récit des opérations qui suivirent permettent de croire que l’armée active comprenait encore quelques turmes ou escadrons ; mais en tout cas cette cavalerie était peu nombreuse et fatiguée. Nous ne parlons pas des valets (calones), des vivandiers (lixæ), ni des ouvriers militaires qu’on ne saurait comprendre dans l’effectif des combattans. Quant au matériel de l’armée, il avait été en grande partie sauvé, et les quatre légions de Labienus avaient conservé leurs équipages ; les six autres les avaient perdus[3]. Les communications avec la Province étaient interceptées ; d’ailleurs la Province, occupée seulement par vingt-deux cohortes, loin de pouvoir fournir des ressources à l’armée active, demandait du secours à grands cris ; bref il était impossible de reprendre l’offensive. Ne fût-ce que pour marcher, il fallait avant tout trouver des troupes légères, réorganiser le service des vivres et des transports.


IV.

Heureusement pour César, la contagion de l’insurrection n’avait pas gagné le nord-est de la Gaule ; depuis la haute Seine jusqu’au confluent de la Moselle et du Rhin, la tranquillité s’était maintenue,

  1. B. G., VII, 13.
  2. B. G., VII, 65.
  3. Dans le désastre de Nevers, liv. vii, c. 55. « Hùc Cæsar… suorum atque exercitus impedimentorum magnam partem contulit. » Mais la plus grande partie du gros matériel de l’armée avait dû être sauvée, car César dit plus bas (c. 62) : « Labienus revertitur Agendicum ubi impedimenta totius exercitus relicta erant. »