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LES RUSSES
SUR LE FLEUVE AMOUR

I. Morakoï Sbornik (Journal maritime russe), 1857-58. — II. Documens géographiques publiés à Gotha et à Saint-Pétersbourg. — III. Souvenirs et lettres d’Alexandre Castren pendant les années 1845-1849, édités par M. Schiefner, Saint-Pétersbourg 1857.



Il appartient à notre temps d’élargir sans cesse le cercle où les nations civilisées ont à exercer leur action. Quoique les événemens les plus importans aient encore pour théâtre cette petite et glorieuse région européenne où depuis tant de siècles se jouent les destinées de l’humanité, il faut bien reconnaître que d’autres régions commencent, si l’on peut ainsi parler, à prendre place dans l’histoire. Il n’a pas fallu plus de deux siècles pour que le continent de l’Amérique, jadis livré à des tribus errantes et sauvages, devînt le centre de nombreux états dont la grandeur naissante promet de contre-balancer la puissance des plus fières nations de l’ancien monde. Une colonie pénitentiaire, établie sur un continent inconnu, n’a-t-elle pas été, en Australie, le germe d’un monde nouveau dont la merveilleuse prospérité nous étonne déjà ? Les institutions anglaises ont pris racine aux antipodes mêmes de l’Angleterre, dans ces mers de la Polynésie que naguère parcouraient seulement les navigateurs les plus aventureux. L’Asie a de tout temps tenu une place dans les préoccupations des nations européennes ; mais cette curiosité ne dépassait pas autrefois, au temps de la Grèce comme à l’époque des croisades, la partie du continent asiatique qui touche à l’Europe. À la fin même du siècle dernier, la rivalité des deux compagnies