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LES SOUVENIRS
D'UN
ECOLIER ANGLAIS

Tom Brown’s school Days, by an old boy ; Cambridge, Macmillan and C°, 1858.



Pour savoir jusqu’à quel point le self government est passé dans les mœurs de la nation anglaise, il faut interroger son système d’éducation, et s’il est vrai, comme le dit le poète Wordsworth, que l’enfant soit le père de l’homme, le spectacle de la libérale Angleterre n’aura plus rien d’énigmatique lorsqu’on aura contemplé cette république en miniature qui s’appelle une école publique anglaise.

De toutes les institutions de l’Angleterre, l’école publique ou collège est certainement une des plus originales, et comme nous nous adressons à des lecteurs français, nous dirons volontiers une des plus excentriques. Rien en effet n’est plus loin que les règles, les mœurs et les habitudes d’une école publique anglaise des idées qui ont cours en France en matière d’éducation ; rien n’indique mieux la différence profonde qui sépare les traditions des deux pays. Des deux côtés, le système d’éducation est en quelque sorte l’abrégé du système de gouvernement. En Angleterre, l’individualisme triomphe dans l’éducation comme dans la société. En dehors de la légitime surveillance qui préside aux heures de l’enseignement, l’enfant se gouverne lui-même ; il se défend lui-même contre les attaques et les empiètemens de ses camarades, forme des ligues, contracte des