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III. — ITALIE MÉRIDIONALE. — CULTURE FRUITIÈRE. — MACHINES AGRICOLES.

La campagne napolitaine est de toutes la moins agréable à visiter : il faut s’engager dans des chemins poudreux, entre d’interminables murailles qui emprisonnent la vue aussi bien que le corps. Sans quelques citronniers qui çà et là jettent par-dessus la muraille une branche chargée de fleurs, cette marche serait fort peu récréative, forcé que l’on est dans ces chemins étroits de se garer à chaque instant des voitures.

Les Italiens du sud sont remarquables par le soin avec lequel ils recueillent l’eau des pluies dans les citernes. En outre, presque tous les jardins des environs de Naples possèdent des norias; ces machines à élever l’eau, bien connues dans le midi de la France, sont mues par un bœuf ou un mulet. La construction en est d’une simplicité remarquable. Le mouvement de l’axe du manège est transmis à celui du tambour par une roue dentée engrenant dans une lanterne. Autour du tambour s’enroule un chapelet de seaux en bois qui descend jusqu’au fond du puits. Ces machines, fort peu coûteuses, durent longtemps et donnent de bons résultats.

On ne saurait trop apprécier en agriculture les instrumens simples et peu coûteux. Les machines trop soigneusement montées, celles surtout dans lesquelles le perfectionnement ne s’obtient que par la complication des organes, sont d’un prix élevé et d’un entretien trop difficile pour la généralité des agriculteurs. Dès que cet entretien leur manque, dès qu’une surveillance active et intelligente surtout leur fait défaut, elles se détériorent rapidement, et le rendement tombe alors bien au-dessous de celui que donnent les machines beaucoup moins compliquées. Aussi doit-on recommander l’emploi de certains instrumens agricoles qui à la simplicité de construction joignent une solidité et un bon marché que l’on ne trouve même pas dans les machines plus grossières. Toutefois les machines qui rachètent leur prix élevé et leur complication par une grande puissance et une grande rapidité ne sont nullement à rejeter de la culture. Je citerai les machines à battre le grain mues par la vapeur, en les supposant placées toutefois entre les mains d’entrepreneurs qui les louent, les manœuvrent et les soignent eux-mêmes. Dans de telles conditions, la petite culture peut en user aussi bien que la grande. C’est de la sorte que la charrue à vapeur, lorsqu’elle sera trouvée, pourra faire participer tout le monde aux bénéfices de temps et d’argent qu’elle sera en mesure de procurer.

La partie la plus fertile de la campagne napolitaine est celle qui s’étend au pied du Vésuve, sur des laves à peine effritées, sur des