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Pounah à titre de fiefs. Chargé par le peshwa de la direction suprême des affaires dans toutes les parties du Malwa qui obéissaient aux Mahrattes, il commandait l’avant-garde de la grande armée qui devait, l’année suivante, envahir cette même province pour en assurer la conquête. Sindyah, placé à la tête d’un corps de troupes considérable, faisait partie de cette expédition. La campagne fut heureuse et ne coûta pas beaucoup de peine aux Mahrattes. Au brahmane Guirdhar-Bahadour, gouverneur du Malwa pour le compte du sultan de Delhi, avait succédé un autre brahmane, Dia-Bahadour, homme avare et rapace qui opprimait le pays. Le sultan Mohammed-Shah n’ayant point pris en considération les plaintes que lui adressaient ses sujets, ou se sentant trop faible pour remédier à leurs maux, ceux-ci s’adressèrent dans leur détresse aux petits souverains du Radjastan. Les chefs radjpoutes, qui s’étaient toujours montrés les irréconciliables ennemis de la puissance musulmane, tournèrent leurs regards vers le peuple hindou qui montrait alors le plus de vitalité. Ils invitèrent donc secrètement le peshwa Badji-Rao à se liguer avec eux pour détruire d’un seul coup la dynastie mogole. Les Mahrattes, commandés par le premier ministre, se mirent bientôt en marche. Aucun obstacle ne les arrêta; les gués de la Nerboudda furent abandonnés sans combat par les nobles radjpoutes. Arrivée au pied des monts Vindhyas, l’armée d’invasion établit son camp, et attendit de nouvelles communications de la part de ceux qui devaient lui en livrer les passages. De la plaine de Barampour, où elle était campée, se déployant à l’aise avec ses douze mille hommes d’avant-garde aux ordres de Holkar, cette armée s’avança bientôt à travers les défilés laissés libres par ceux qui auraient dû les défendre. Dia-Bahadour, averti trop tard de la trahison tramée contre lui, comprit que sa situation était désespérée. Surpris par un ennemi puissant qui le pressait de toutes parts, entouré d’une population hostile qui lui reprochait ses exactions, le brahmane Dia résolut de mourir en combattant. Il accepta donc la bataille, fut défait et périt dans la mêlée avec un grand nombre des siens. L’action s’était passée près de Dhar, ancienne capitale des rois hindous du Malwa. Cette importante province, devenue la proie des Mahrattes et occupée en partie par des takours ou seigneurs radjpoutes, possesseurs de fiefs et de châteaux forts, fut pour toujours séparée de l’empire de Dehli.

Le peshwa Badji-Rao était retourné dans le Dekkan, laissant Ho kar et Sindyah continuer leurs incursions sur les terres du Grand-Mogol à la tête de nombreux corps de cavalerie. Le premier de ces deux chefs s’avança hardiment jusqu’au-delà d’Agra. L’empereur Mohammed-Shah commençait à s’inquiéter de ces hardies tenta-