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rence et rendit aux écoles leur personnel ordinaire en diminuant celui des prisons. Telle est l’histoire abrégée des écoles industrielles d’Aberdeen : aujourd’hui presque toutes les villes de la Grande-Bretagne en ont de semblables.

Vers le même temps, des entreprises analogues se poursuivaient dans la capitale de l’Angleterre. Trois jours après la promulgation de l’acte de Dunlop, une nouvelle décision du parlement (Palmerston’s act) autorisait dans tout le royaume des écoles dites réformatories à élever les enfans condamnés pour vol qui leur seraient livrés après un emprisonnement de quatorze jours. Dès 1838, lord Shaftesbury avait fondé à Londres une école du dimanche soir pour les enfans en haillons (ragged-school). Ils y étaient accourus en foule, et l’école était bientôt devenue quotidienne, quoique les élèves n’y reçussent qu’une instruction primaire. Plus tard, un établissement beaucoup plus important fut fondé dans la même ville sous le nom de ragged and industrial school, et devint le modèle d’un grand nombre d’autres, ouverts dans tout le royaume-uni.

Les rapports annuels de l’intendant-général des prisons avaient enfin éveillé l’attention publique sur l’accroissement continu du nombre des jeunes voleurs. Grâce à d’autres travaux sur le même sujet et à l’agitation qu’ils suscitèrent, la partie éclairée de la population anglaise comprit le devoir et la nécessité de donner l’habitude et le goût du travail à ces multitudes d’enfans destinés par les misères de leur condition à devenir les ennemis de la société. Les ragged schools, les écoles industrielles, les reformatories se multiplièrent et devinrent l’objet d’une sollicitude générale. Un journal spécial leur fut consacré. Deux grandes associations, la reformatory and refuge union et la national reformatory union, furent fondées par les hommes les plus éminens pour aider à la création de ces établissemens. Aujourd’hui le nombre des institutions de Londres qui dépendent de la ragged school union est de 166, savoir 16 refuges ou écoles nourricières et 150 ragged schools. Elles ont 330 maîtres payés et 2,139 non payés, car il y a en Angleterre un grand nombre de personnes des deux sexes qui s’imposent le devoir d’aller plusieurs fois par semaine donner des leçons aux élèves des écoles gratuites[1]. Les classes du soir sont parfaitement adaptées aux besoins de la population de Londres, où des

  1. Ces 166 institutions comprennent les nombres suivans de classes et d’élèves : ¬¬¬
    128 classes du dimanche comptant 16,937 élèves.
    98 » quotidiennes » 13,057 »
    117 » du soir » 8,085 »
    84 écoles industrielles » 3,224 »

    plus les classes des 16 refuges, où environ 500 enfans sont nourris, habillés et logés; en tout 41,803 élèves.