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En vertu des chartes de la société, des succursales peuvent être fondées dans toute partie de l’Angleterre et du pays de Galles, et jouir du même privilège de responsabilité limitée, la société mère recevant la gratification d’un demi pour 100 sur les premières dépenses, et un autre demi pour 100 d’année en année, comme rétribution de la jouissance de la charte et des facilités qu’elle procure à ces corps affiliés. Quatre succursales ont été fondées, dont une à Brighton et l’autre à Dudley. Les bénéfices n’en ont pas été jusqu’à présent fort considérables; mais ils ne sont que le but secondaire de l’œuvre, et ne pourront d’ailleurs qu’augmenter.

Quels sont en définitive les effets de l’acte des logemens en commun sur la population qui est l’objet de cette mesure? Ils sont tels qu’on ne peut s’expliquer comment l’application n’en est pas encore générale. D’après un rapport du docteur Southwood-Smith, le chiffre de la mortalité annuelle dans les maisons bâties à Londres par la société métropolitaine pour l’amélioration des logemens des ouvriers n’est que de 7 sur 1,000, tandis que la somme moyenne des décès dans toute la capitale est triple, c’est-à-dire de 22 sur 1,000. Dans l’un des plus mauvais quartiers de Londres, dans la paroisse de Kensington, la mortalité s’élève à la somme effrayante de 40 sur 1,000. En octobre 1853, la police de Londres a constaté l’existence de 7,053 maisons de logement. A cette époque seulement, les principaux locataires ou gérans de ces habitations ont reçu l’ordre de tenir le registre prescrit par l’acte de 1851. Sur ce nombre, 1,308 maisons, comptant au moins 25,000 locataires, se sont conformées à cette injonction, et pendant le trimestre qui suivit l’accomplissement de cette mesure, elles n’ont pas présenté un seul cas de fièvre, tandis qu’avant le nouveau régime une seule avait envoyé dans le cours d’une semaine 20 malades à l’hôpital des fiévreux. Enfin aucun des logemens améliorés n’a plus été visité par le choléra et le typhus, tandis que dans l’automne de 1854 on comptait 20 victimes de l’épidémie dans une seule rue de la capitale, et jusqu’à 6 dans une seule maison. La statistique sanitaire des habitations améliorées n’a pas été moins satisfaisante dans d’autres villes. A Wigan, qui a 24 maisons de logement, recevant 30,000 voyageurs par an, à Wolverhampton, qui en a 200, recevant le nombre incroyable de 511,000 locataires de passage, la police n’a pas eu à constater un seul cas de fièvre dans ces bâtimens. Il résulte de tous les rapports qu’il y a beaucoup moins de maladies dans les maisons de logement en commun soumises à l’inspection que dans les chambres des ouvriers dont la police n’a pas à s’occuper.

L’effet moral de ces mesures hygiéniques est analogue à leur influence sur la santé. Le docteur Southwood-Smith signale les heu-