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tenu, et Pentonville dut devenir, en cas de succès, la prison modèle. Commencé en avril 1840, cet édifice, destiné à cinq cent soixante détenus, fut achevé en 1842. On en fit un lieu d’épreuve et de discipline préparatoire pour les condamnés à la transportation; une fois le seuil de la prison franchi, ils ne devaient plus revoir parens ni amis; une vie nouvelle commençait pour eux. Durant une captivité de dix-huit mois (c’était le plus long terme qu’on avait cru devoir assigner à l’incarcération cellulaire), des maîtres ouvriers les mettaient en état de gagner leur vie; un enseignement moral et religieux leur donnait les principes qui devaient les guider dans l’usage de leur liberté future. A la fin de leur détention, ceux qu’on jugeait suffisamment réformés étaient envoyés à la terre de Van-Diémen. Là, s’ils se conduisaient bien pendant un certain laps de temps, pourvus d’un billet de licence (tickel of leave), ils étaient provisoirement élargis avec la perspective de ressources abondantes. Si leur conduite n’offrait pas de garanties satisfaisantes, ils recevaient dans la colonie un passeport d’essai, qui ne laissait à leur disposition qu’une faible part de leurs salaires, et qui apportait diverses entraves à leur liberté. Enfin, en cas de mauvaises notes, ils étaient transportés à la péninsule de Tasman pour y être employés à des travaux publics sans aucune rémunération, comme de vils forçats, disait l’instruction ministérielle. On était donc entré pleinement dans les idées de Howard. Le caractère de la répression pénale changeait : elle devenait moralisatrice, et elle mettait en pratique ce nouveau et fécond principe, énoncé pour la première fois par l’archevêque Whately, que le condamné doit être mis à même d’abréger par son travail et par sa bonne conduite le temps de sa captivité.

La prison de Pentonville fut d’abord réservée aux adultes de dix-huit à trente-cinq ans, et depuis 1843 jusqu’à 1848 la population de cet établissement fut choisie avec soin sur toute la masse des condamnés; mais durant cette dernière année on y admit des individus qui ne se trouvaient pas dans les conditions physiques requises pour ce genre d’incarcération, et il en résulta de nombreux cas de mort et d’aliénation mentale. L’expérience démontrant la nécessité d’abréger cette épreuve pour la rendre applicable à toutes les classes de convicts, on en réduisit la durée d’abord à douze mois, puis à neuf. Malgré cette réduction, au commencement de l’année 1852, beaucoup de cas de démence se produisirent de nouveau. Depuis cette époque, en prolongeant l’exercice en plein air et en le rendant plus actif, on a réduit la proportion des cas de folie au chiffre de 1 pour 400, et encore la plupart de ces affections se guérissent-elles par le seul effet de la vie en commun.

Quand je visitai cet établissement en 1857, j’en remarquai l’ex-