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ment et le traitement séparé de chaque individu. Il conseilla de recourir à une détention relativement équivalente à la durée de la transportation encourue. Par exemple, un homme condamné à dix ans de transportation devait être, dans le cas de bonne conduite, admis à un-stage intermédiaire de quatre ans. Après quatre mois passés dans ce stage, il pouvait recevoir une offre d’emploi, et, si sa conduite était sans reproche, obtenir plus tard un élargissement conditionnel et toujours révocable jusqu’au terme de la condamnation primitive à dix ans. Cependant, si le convict ne pouvait obtenir du travail dans ces quatre ans, ni dans les six ans regardés par l’acte de 1853 comme équivalens à dix années de transportation, il avait droit à un élargissement définitif. M. Crofton recommandait aussi d’élever dans ce stage intermédiaire le chiffre des salaires, afin qu’il égalât autant que possible la valeur de l’ouvrage exécuté. La libre disposition laissée à chaque convict d’une partie de cette somme devait être une épreuve de sa moralité. Il entrait enfin dans les vues du capitaine de prendre pour gardiens des maîtres ouvriers, et des lectures faites chaque soir, après le travail, devaient préparer les convicts à l’épreuve de la libération.

Ces propositions furent toutes adoptées par le gouvernement. En six semaines, le vieux matériel d’une prison mal construite (Smith-Field) fut approprié à ce nouveau système, qu’on mit dès lors à exécution. Le régime intermédiaire est maintenant expérimenté dans quatre prisons différentes. Dans chacun de ces établissemens, le nombre des prisonniers est limité à cent, afin que l’individualisation soit appliquée à chacun d’eux, qu’ils puissent être exposés à plus ou moins de tentations sans échapper à la surveillance, et que leur libre arbitre leur soit laissé, autant qu’il peut se concilier avec le maintien de l’ordre et de la discipline. De ces quatre prisons, l’une occupe à Dublin une partie des bâtimens de Smith-Field : elle est destinée aux condamnés qui exercent un métier sédentaire. Une autre est située à Lusk, village éloigné d’environ quinze milles de Dublin. Les convicts y sont employés à des travaux de drainage, de routes, de nivellemens, et à la construction d’un pénitencier de jeunes détenus. Deux autres sont aux forts Camden-Carlisle, de chaque côté de la rade de Cork, et leur personnel travaille dans les chantiers des départemens de la guerre et de la marine. En proposant leur système de réforme pénitentiaire, MM. Hill et Crofton avaient conseillé d’employer les condamnés aux fortifications, aux ports de refuge et à tous les ouvrages d’utilité publique, afin d’indemniser l’état autant que possible des dépenses qu’il s’impose pour leur réformation. On a réalisé ce projet au moyen de prisons de fer semblables aux constructions de même métal dont on faisait usage