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SOUVENIRS
D’UN AMIRAL

seconde partie.
LES ÉPREUVES DU COMMANDEMENT.

I.
LA COURSE SOUS LE DIRECTOIRE.

I.

Toute carrière militaire présente deux phases distinctes. Dans la première, on obéit à l’impulsion d’autrui ; dans la seconde, il faut prendre conseil de soi-même. Où la responsabilité commence, le zèle ne peut plus suffire. Si l’esprit fléchit sous ce fardeau, il faut se résigner aux rôles subalternes. Dans la marine, on subit cette épreuve plus tôt que dans l’armée de terre, où souvent on parvient à des grades très élevés, sans y avoir été exposé jamais. Le moindre commandement maritime investit un jeune officier d’une responsabilité presque aussi haute, tout aussi lourde au moins que celle qui incombe à un commandant d’escadre. Rien de pareil n’attend le capitaine d’une compagnie, ni même le commandant d’un bataillon. L’officier de marine, quelque chétif que soit le navire qu’il monte, est comptable d’une portion de l’honneur du pays. Le pont de son bâtiment, c’est le territoire national. Il emporte avec lui la patrie et