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été remboursés par anticipation ; ces 54 millions se répartissaient entre 826 débiteurs, sur lesquels 216 seulement avaient emprunté de 300 fr. à 10,000 fr. En 1853, on avait réalisé pour 26 millions de prêts ; c’était 1 million de plus : il est vrai que cet avantage avait été payé par de nouvelles concessions faites aux porteurs d’obligations. Au lieu de ces émissions de titres à 3 pour 100, sur lesquels en 1853 la société avait bénéficié de 722,000 francs en les vendant au-dessus du pair, il avait fallu accroître le taux de l’intérêt et accorder une prime sur les titres 3 pour 100. Le total des obligations émises était alors de 25 millions à 3 pour 100, de 22 à 4 pour 100 et de 4 1/2 à 5. Cette somme, avec 16 millions dus pour les titres en circulation, complétait l’émission première des 200,000 obligations, sur lesquelles 134 millions restaient encore à réaliser.

Dans le compte-rendu présenté par M. de Germiny deux ans après, le 29 avril 1857, la progression n’est plus aussi sensible. Au lieu de 27 millions de prêts annuels, on n’en constate que 21 pour deux exercices. Ainsi la somme des prêts réalisés s’élève de 54 millions à 75, sur lesquels 6 millions et demi ont été amortis. Par contre, les titres des emprunts de 200 millions à 3 et 4 pour 100 non réalisés existent encore en portefeuille pour un chiffre de 132 millions. Sur les 16 millions dus précédemment par les titres en circulation non libérés, il n’en reste plus à recouvrer que 10. Le portefeuille contient encore près de 1 million des titres 5 pour 100, qui avaient fait l’objet d’une création nouvelle en dehors de la première émission des 200 millions d’obligations, et qui ne participaient point comme celles-ci aux tirages et aux primes. Cependant, si le rapport de 1857 n’établissait pas un progrès notable dans les opérations de la société, il annonçait les deux innovations considérables dont il a déjà été question, et il en faisait pressentir de nouvelles. La plus importante, celle qui autorisait le crédit foncier à prêter non plus en numéraire, mais en obligations, a, nous l’avons déjà dit, transformé l’institution, ou plutôt elle en a précisé le véritable caractère. Quelles que pussent être les conséquences de cette mesure, il est évident, au point de vue de la théorie, que la société entrait dans une voie où elle ne devait encourir aucune responsabilité. Quand en effet elle émettait ses obligations dans le public et qu’elle en recevait le prix, ses propres emprunts n’étaient pas nécessairement subordonnés à ses prêts, elle aurait pu encaisser des sommes dont la représentation ne se serait pas trouvée au même moment garantie par des contrats hypothécaires ; de là le risque d’aventurer le produit des obligations dans de mauvais placemens temporaires ou de subir une perte d’intérêts. Rien de pareil à craindre avec le système qui consiste à prêter et à créer simultanément des titres d’obligations. Toutefois ce n’est peut-être pas dans cet esprit qu’a