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ce serait alors un revenu de 375,000 fr. assuré pendant toute la durée des prêts. Et si les 250 millions que la société peut placer avec un prélèvement de 60 centimes pour frais d’administration étaient en entier prêtés avec la totalité de ces droits, le bénéfice annuel pour toute la durée des prêts s’élèverait à 1,500,000 fr., soit 5 pour 100 d’intérêt pour le capital versé sur les actions, sans compter ni le revenu du placement de ce même capital, ni le produit des autres opérations que le crédit foncier est et sera autorisé à faire. On se trouve assurément éloigné de ce résultat, et les cinq années de l’expérience qui vient d’être faite peuvent laisser prévoir combien de temps encore devra s’écouler avant qu’un tel but soit atteint. En effet, les opérations annuelles du crédit foncier se sont élevées en moyenne à 15 millions, et c’est pendant la première période, et lorsque l’annuité était à 5 pour 100, qu’elles ont présenté les chiffres les plus élevés ; mais sans se plaindre qu’une institution née d’hier n’ait pas réalisé en cinq ans, pour 30 millions d’habitans, plus de 75 millions de prêts, lorsqu’en Allemagne toutes les institutions de crédit, dont la première date de 1770, n’avaient jusqu’en 1857 prêté que 540 millions à une population de 27 millions d’individus ; en supposant par conséquent que d’ici à plusieurs années encore le bénéfice de la société, comme frais d’administration, ne sera point supérieur à la moitié de celui qu’elle peut obtenir, c’est-à-dire ne dépassera pas 700,000 fr. environ, il y a encore lieu de reconnaître que les droits alloués à la compagnie pour frais d’administration promettent aux actionnaires un revenu suffisant.

Fixé d’abord à 27 millions de francs, avec une première émission obligatoire de 10 millions, le capital social fut, au bout d’une année, porté à 60 millions, avec une seconde émission obligatoire de 15 millions ; 5 millions d’actions devaient en outre être émis dans le courant d’une année, et le surplus quand la société aurait atteint le chiffre de 600 millions d’affaires, de telle sorte que le capital des actions émises se maintînt dans la proportion de 5 millions par chaque groupe de 100 millions d’obligations. C’est, à coup sûr, une garantie convenable eu égard à la solidité des obligations elles-mêmes. D’après le compte-rendu du premier exercice, les actions de 500 fr., sur lesquelles 250 fr. seulement ont été versés, avaient touché en dehors de l’intérêt à 5 pour 100 un dividende de 5 fr., soit 7 pour 100, et cependant les annuités, y compris les droits pour frais d’administration sur les prêts réalisés, ne s’élevaient pas à 500,000 francs ; mais par contre la négociation des obligations à un taux supérieur au pair avait produit un bénéfice de 722,000 francs, et la subvention de l’état, après affectation de 1,200,000 fr. aux lots de la première année, laissait encore un boni de 135,000 fr.