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dans une année qui n’a pas été aussi profitable à beaucoup d’autres entreprises.

Le rapport de 1858 ne donne pas le chiffre des produits de la caisse de service, il se borne à signaler le progrès de ses opérations. Fondée à la fin de 1856, cette caisse a reçu en 1857 des fonds dont le solde au 31 décembre s’élevait à plus de 8 millions de francs, et se trouvait presque doublé quatre mois plus tard. Grâce aux conventions faites avec l’état pour le placement des fonds de cette caisse, il y a lieu de la regarder comme une très fructueuse annexe de la société, et tout en conservant quelques doutes, au point de vue théorique, sur la légitimité de cette annexion d’opérations de banque pures à une institution qui a plutôt le caractère d’une société de garantie de crédit foncier, on ne peut, au point de vue pratique, s’empêcher de reconnaître que dans l’avenir le service des comptes courans doit accroître, par de notables bénéfices, le revenu des actions.

Si le rapport de 1858 donne une idée favorable de la situation présente du crédit foncier, il n’apporte pas sur son avenir des indications moins intéressantes. Quels seront les avantages du nouveau traité relatif à l’exécution de la loi sur le drainage, et de quelques créations méditées par l’esprit sagace et prévoyant des administrateurs de la compagnie ? C’est ce qu’il convient d’examiner brièvement.

La loi qui vient de concéder au crédit foncier de France le soin de se procurer, à l’aide d’obligations dites de drainage, émissibles même au-dessous du pair, les 100 millions que l’état avait promis à l’agriculture, et qui accorde à la société un droit de commission de 0,45 par an sur le capital de chaque somme prêtée, ne lui impose, à vrai dire, aucun risque, — les prêts pour le drainage étant soumis aux mêmes conditions que les prêts hypothécaires, — et lui assure des allocations de frais qui pourraient atteindre le chiffre annuel de 450,000 fr. pendant une période de vingt-cinq ans, si les 100 millions accordés au drainage étaient empruntés en totalité. À quel chiffre ces prêts atteindront-ils ? C’est ce qu’il est difficile de prévoir. En substituant le crédit foncier à l’état, on a, ce nous semble, rendu l’opération du prêt moins facile, Le crédit foncier a des exigences hypothécaires qui n’existaient point dans le premier projet, et auxquelles on se soumettra peut-être avec peine pour un intérêt secondaire. Il est rare en effet, même dans une propriété importante, que les travaux de drainage puissent être assez étendus pour occasionner une dépense considérable. Les grands propriétaires voudront-ils se soumettre aux formalités des prêts du crédit foncier et grever leur bien d’une hypothèque pour un emprunt minime ? Quant