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seconde de ces petites lignes, le transport des voyageurs. Trois ans plus tard, on concédait le chemin de fer de Saint-Germain, le premier qui ait eu spécialement cette destination ; les deux lignes rivales de Versailles furent entreprises immédiatement après. Il n’y a point à rappeler avec quelle lenteur a été trop longtemps menée cette grande question des chemins de fer[1]. Je n’ai à m’occuper que de ce qui regarde la circulation des voyageurs ; mais il convient d’abord d’énoncer un détail curieux sur la répartition des deux grandes catégories de produits dont se compose le trafic de nos voies ferrées, à savoir, la proportion continuellement moindre suivant laquelle le transport des personnes concourt au revenu des compagnies. Ainsi le produit des marchandises, qui ne formait en 1841 que 37 pour 100 du produit total, y est successivement entré pour 42 pour 100 en 1847, 47 pour 100 en 1853, 52 pour 100 en 1854, et y entre peut-être maintenant pour 60 pour 100. Le rapporteur des Documens statistiques remarque avec raison que l’augmentation incessante du trafic des marchandises s’explique parce que l’augmentation du réseau réalise de plus en plus la condition indispensable du rapprochement entre le chemin de fer et les points de provenance ou de destination. Les voyageurs au contraire sont acquis aux voies ferrées dès que celles-ci abrègent le parcours total qu’ils se proposent d’effectuer, et toutes les nouvelles lignes sont d’ordinaire des prolongemens ou des embranchemens de lignes principales que suivaient déjà ces voyageurs. La comparaison des nombres de kilomètres moyennement exploités et de billets délivrés d’une année à l’autre prouve du reste que l’habitude des voyages en chemins de fer commence à se répandre : par exemple, tandis que notre réseau ne s’est pas accru de 1853 à 1854 de 10 pour 100, le nombre des voyageurs a augmenté de 14 pour 100.

Le chiffre des voyageurs est presque devenu sept fois plus élevé en 1857[2] qu’en 1841, première des années examinées isolément dans les publications officielles, et la quotité des recettes, qui croissent beaucoup plus rapidement, en raison de la longueur plus considérable du parcours de chaque voyageur pris individuellement, a crû durant la même période dans la proportion de 1 à 16 à peu près[3]. On doit pressentir que le nombre des voyageurs ne

  1. En prenant des périodes triennales, on peut suivre les phases de notre réseau depuis 1832, époque à laquelle b4 kilomètres seulement étaient livrés à l’exploitation ; on en comptait en 1834 142, en 1837 161, en 1840 430, en 1843 827, en 1847 1,830, en 1850 3,013, en 1853 4,063, en 1856 5,800, et au 30 septembre 1858 8,500 environ.
  2. Ce chiffre n’était pas moindre de 41 millions ; en 1854, il n’avait été transporté sur les chemins de fer français que 28,070,458 voyageurs.
  3. Les nombres qui expriment les recettes afférentes au transport des voyageurs sont de 130 millions de francs pour 1857, et de 83,707,721 fr. pour 1854. Dans ces recettes est compris l’impôt prélevé sur le prix des places, de sorte qu’elles ne représentent pas les sommes réellement encaissées par les compagnies.