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les compagnies ne semblent pas se rendre compte du puissant moyen qu’elles auraient de développer la circulation publique par un abaissement de tarifs. Il est bien certain qu’avec le temps il arriverait quelque chose d’analogue à ce qui s’est passé pour les omnibus de Paris, dont le nombre des voyageurs a presque doublé durant les trois dernières années. Le rapport présenté, au nom du conseil d’administration de la société générale du crédit mobilier, dans la dernière assemblée des actionnaires, constate que ces omnibus avaient transporté 34 millions de voyageurs en 1854, année qui a précédé la fusion des anciennes entreprises, et qu’ils en ont transporté en 1857 plus de 60 millions. Or la cause de cet accroissement réside principalement dans la diminution du prix des places qu’a permise l’addition d’impériales aux voitures primitives, car les places à 0 fr. 15, fort recherchées, comme on sait, offrent un notable avantage à toute personne qui a le temps de mettre à profit le mode si populaire de locomotion que procurent les omnibus. Jusqu’à présent, les compagnies de chemins de fer n’ont cherché l’accroissement de la circulation que dans une organisation de service offrant un nombre de trains très supérieur aux besoins, et elles appliquent d’ordinaire le maximum des tarifs qui leur ont été concédés. L’auteur des Réformes économiques se demande quelque part s’il ne serait pas plus sage de diminuer la fréquence des trains en vue de leur plénitude : je crois qu’il fait trop bon marché de l’un des plus précieux avantages des nouvelles voies de communication et certainement de l’un des plus grands stimulans de mouvement. Après avoir examiné, dans la plupart des développemens qu’elle comporte, la question intéressante de la circulation publique en chemins de fer au point de vue des conditions multiples dont il faut tenir compte pour en mesurer avec certitude la puissance économique, il importe de compléter cette étude en faisant connaître les chiffres qui permettent d’apprécier le degré de sécurité dont jouissent les voyageurs.


II. — SECURITE DES VOYAGEURS SUR LES CHEMINS DE FER.

Le rapport entre le nombre des voyageurs transportés par chemins de fer et le nombre des victimes est de nature à faire cesser les préoccupations exagérées qui se manifestent chaque fois que la régularité normale du nouveau mode de communication vient à être troublée de loin en loin par un fâcheux incident. Ces préoccupations sont malheureusement ravivées en ce moment même par un fait douloureux, qui rompt cet équilibre de tranquillité dans lequel on vivait en France depuis plus de trois ans,et demi. En présence du regrettable accident du Vésinet, c’est un devoir plus impérieux encore de