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et qui doit avertir de la réduire toujours aux proportions qu’exige l’honneur, sans rien sacrifier à la vaine gloire de combats inutiles, car la guerre se traduit, au Sénégal comme partout, en graves préjudices pour tous les intérêts pacifiques. Les principaux produits importés sont les tissus de coton et de lin, les vins et eaux-de-vie, le corail, le sucre, les fils, le riz, les farines de froment. En tête des tissus de coton figure la guinée, fabriquée à Pondichéry, qui sert d’unité monétaire au Sénégal. Rouen y place d’énormes quantités de cotonnades, recherchées comme étoffes de luxe. La Provence, le Languedoc et la Gironde y trouvent des débouchés pour leurs vins et leurs farines. De l’Angleterre vient la houille.

La navigation suit les progrès du commerce. En 1856, elle a occupé 590 navires jaugeant 49,997 tonneaux et montés par 4,492 hommes d’équipage. Les 590 navires se décomposaient en 139 navires français, 40 caboteurs de la colonie, 393 embarcations et bâtimens employés à la navigation intérieure du fleuve, et 18 navires étrangers apportant du charbon pour le gouvernement, seule exception admise à la rigueur des règles de ce qu’on appelle encore le pacte colonial. Ce mouvement, quoiqu’il appartienne presque exclusivement à la marine nationale, ne porte que pour moitié sur des marchandises françaises, car la variété des besoins oblige les navires français à compléter leurs cargaisons avec des marchandises étrangères ou sorties de nos entrepôts. Les ports du Havre, de Bordeaux, de Marseille, sont aux premiers rangs pour les rapports avec Saint-Louis. Viennent ensuite ceux de la Martinique et de la Guadeloupe, enfin New-Castle, d’où l’on tire toute la houille qui se consomme à Saint-Louis. Le cabotage s’opère avec Gorée, l’archipel du Cap-Vert, l’archipel des Canaries, et les divers comptoirs échelonnés sur le bas de la côte depuis Gorée jusqu’à Sierra-Leone.

De tels résultats ne paraîtront pas le dernier terme des espérances de la métropole, si l’on considère, en jetant un regard sur le passé, que, dès l’année 1789, elle trouvait au Sénégal le placement