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rier-payeur général du gouvernement de Pounah, franchissait la Nerboudda. Arrivée dans le Malwa, elle se trouvait forte de cinqT,iante mille chevaux; Touka-Dji-Holkar et Madha-Dji-Sindyah en amenaient chacun quinze mille. L’infanterie, composée d’Hindous de toutes les castes, s’était grossie de troupes d’Arabes, d’Abyssins et de gens du Sinde recrutés sur le littoral du Gouzerate, particulièrement dans les ports de Surate et de Cambay, Sur les flancs de cette armée formidable marchaient les Pindarries, redoutables pillards qui ont joué un rôle considérable dans les longues guerres dont l’Inde a été le théâtre durant près d’un siècle. Montés sur de petits chevaux pareils à ceux des Cosaques, auxquels ils ressemblent beaucoup, les Pindarries se chargeaient de ravager le pays ennemi, et même leur propre pays, lorsque l’occasion s’en présentait. Ils harcelaient les troupes en marche, attaquaient le camp du parti opposé et ramassaient le butin à pleines mains. Ce butin, ils le logeaient dans deux grands sacs pendus à leurs selles, et le vendaient le soir aux soldats un peu au-dessous du prix des marchés, de sorte qu’ils se rendaient aussi utiles en approvisionnant l’armée dans laquelle ils servaient comme auxiliaires qu’en combattant avec elle. Les Pindarries s’enrôlaient sous la bannière de chefs qui eux-mêmes se louaient avec leurs bandes pour une campagne ; ils avaient plus d’un rapport avec les grandes compagnies du XIVe siècle, et comme ces bandes fameuses, ils ont leur histoire pleine d’incidens dramatiques.

L’armée mahratte, conduite par Yisa-Dji-Kichen, opéra d’abord contre les petits princes radjepoutes, jadis alliés des peshwas, et qui furent rançonnés sans motif plausible; mais il fallait de l’argent au gouvernement de Pounah. Le même traitement fut infligé aux Djats, bien qu’ils eussent jadis prêté leurs forteresses aux Mahrattes. Enfin Visa-Dji-Kichen s’avança vers Dehli, pour se venger du vizir Nadjib-Oul-Dowlah, qui avait organisé la grande coalition des forces musulmanes contre la confédération mahratte et préparé la victoire de Paniput. Les Sindyah ne pouvaient lui pardonner