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rappelait que Molhar-Rao, fondateur de la famille, avait jadis prêté généreusement de grosses sommes à Rano-Dji-Sindyah. Enfin il était plus glorieux de briller et de commander à Dehli, au milieu des pompes de la cour mogole, que de gouverner à Pounah, au milieu des intrigues, ou de camper avec ses cavaliers au fond des gorges sauvages qui coupent la chaîne des Ghauts, dans la province du Concan.

Touka-Dji-Holkar, nous l’avons dit déjà, appartenait à la tribu, mais non à la famille puissante dont il portait le nom, et dont il commandait l’armée. Tandis que la vertueuse veuve du fils de Molhar-Rao-Holkar gouvernait sagement ses états, Touka-Dji remplissait avec fidélité envers sa souveraine et envers le gouvernement de Pounah son rôle de régent et d’allié. Nana-Farnéwiz, régent du peshwa, tenait à le garder près de lui dans le Concan. Lorsque Tippou-Saheb, exalté par la folle passion des conquêtes et ne ménageant pas plus ses amis que ses ennemis, eut irrité les Hindous par son fanatisme et exaspéré les Mahrattes, ses alliés d’alors, par des incursions sur leur territoire, le gouvernement de Pounah lui déclara la guerre. Nana-Farnéwiz refusa d’abord les secours que les Anglais se plaisaient à lui offrir, mais il accepta la coopération de Nizam-Ali, vice-roi d’Hyderabad, et fit alliance avec Moudha-Dji-Bhounslay, chef mahratte, qui vivait à l’écart dans sa principauté de Nagpour[1]. La guerre fut longue; emporté par la violence de son caractère, Tippou mettait dans ses attaques une impétuosité terrible. Il était hardi, entreprenant, infatigable; il entraînait ses troupes au milieu des pluies, à travers les montagnes. Cependant les Mahrattes, quoique faiblement secondés par les Mogols de Nizam-Ali, remportèrent sur le roi de Mysore plusieurs avantages. La plus grande part en revenait à Touka-Dji-Holkar, qui se montrait toujours prêt à combattre, et manœuvrait avec autant de rapidité que de prudence. Ge fut par son entremise que les envoyés de Mysore traitèrent des conditions de la paix, qui fut signée au mois d’avril 1787. Lorsque les hostilités eurent cessé, il quitta enfin le Goncan, et retourna à Mhysir présenter ses hommages à sa souveraine Alya-Bhaïe.


IV.

En acceptant à la cour de Dehli le premier rang, Madha-Dji-Sindyah s’était mis sur les bras une lourde charge. Il lui fallait à la fois lutter contre les factions anciennes, faire face aux rivalités

  1. Il était l’héritier des fiefs concédés à Djano-Dji-Bhounslay, qui forment ce qu’on nomme encore le petit état des Mahrattes de Nagpour.