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été préparés quelques heures d’avance. Il faut remarquer toutefois qu’on ne doit pas trop tarder, car l’inflammation est bientôt assez grande pour nuire à la sensibilité. Il est nécessaire que le sujet de l’expérience ne soit spécialement ni trop, ni trop peu irritable, qu’il soit vigoureux, qu’il ait mangé, que dans l’opération les racines sensibles ne soient ni coupées, ni même blessées; il faut avoir des instrumens choisis, ne pas oublier que chez le chien les racines nerveuses sont revêtues d’une gaîne spéciale qui n’existe pas chez l’homme ; il faut avoir enfin pour soi l’habileté, la science et quelquefois le hasard.

Outre ces nerfs sensitifs ou moteurs, je dois mentionner encore, sans insister, le système nerveux qui préside aux mouvemens involontaires des organes internes, c’est-à-dire le grand sympathique. Il est encore moins connu que l’autre. Il présente d’abord cette singularité que, quoiqu’il anime tous les organes internes, la section du grand sympathique ne leur fait pas perdre immédiatement leurs mouvemens ni toutes leurs facultés. Ainsi le cœur séparé du corps peut battre quelque temps. De plus le mouvement de l’agent nerveux dans ces nerfs semble plus lent que dans les autres, quoique souvent les passions, les sensations les plus rapides et les plus fugitives traversent le cerveau et agissent sur l’organisation d’une façon qui paraît instantanée. Les émotions violentes qui excitent le nerf facial et les nerfs respiratoires ont aussi une action incontestable sur le cœur et les glandes, à tel point que l’on a voulu assigner à chaque organe des relations avec une passion différente. Même des savans, influencés sans doute par les habitudes du langage, ont tenté d’associer le cœur à l’émotion de la joie, le foie à celle du chagrin ou de la tristesse, etc. Rien n’est plus faux, et dans les passions ces organes participent seulement au désordre général, quoiqu’on puisse dire peut-être que leur rôle y est d’autant plus actif qu’ils ont une disposition plus grande à être altérés. De là l’influence des passions sur les maladies. Les effets des premières se propagent en rayonnant du cerveau à la moelle épinière, et de celle-ci dans tout le système nerveux. Ce qui arrive de spécial est purement individuel. Une chose pourtant est remarquable et connue dans le système du grand sympathique : tandis que les contractions qu’il détermine sous l’influence des irritans sont plus lentes que les autres à se produire, elles sont aussi plus persistantes. Irritez un nerf du bras, vous produirez aussitôt un mouvement ou une douleur; mais l’irritant enlevé, la contraction cessera, ou la douleur sera calmée. Un irritant appliqué sur un nerf du système sympathique, sur un nerf de la vie organique, comme on dit depuis Bichat, ne produira pas d’effet immédiat ni passager. Il semble que le cerveau lui transmette de temps