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prescrire l’usage que dans les cas où tous les remèdes ont échoué. Elle a parfois amené des guérisons rapides, et le traitement est rarement très pénible. Dans les centaines d’observations réunies par M. Duchenne, il y a d’ailleurs beaucoup de bonne foi, et l’auteur ne semble pas avoir trop oublié de raconter ses insuccès, malgré le dédain habituel de ses confrères pour ces sortes de confidences. Ici nous trouvons presque l’impartialité, et l’on doit savoir gré à un inventeur de ne pas tout rapporter à son procédé, de ne pas prétendre tout guérir. Il y a quelques années, un physicien avait remarqué que l’eau jetée sur un fer rouge ne se vaporise pas aussitôt, et il avait expliqué pourquoi. Dès lors tout phénomène pour lui fat produit par un état analogue des liquides, et le merveilleux anneau de Saturne rentra dans son explication générale. M. Duchenne de Boulogne n’est pas tombé dans cet excès, et il est permis de conclure que l’électrisation localisée doit aider les médecins dans ces parties importantes de leur science, le diagnostic et le pronostic, l’art de juger et l’art de prévoir, et rendre moins pénible l’exercice de cette première qualité des malades, la patience.


IV.

De tant d’observations, d’expériences, de guérisons, d’une étude si attentive des propriétés des nerfs, de tous ces faits et de tous ces livres, que doit-on conclure sur la nature même de l’agent nerveux? Une conclusion même est-elle possible? Nous n’avons pas prétendu faire une histoire des nerfs, et nous avons négligé pour le moment bien des notions et bien des phénomènes sur la volonté, sur les mouvemens associés, instinctifs, automatiques, volontaires, sur les relations de l’âme et du corps, qui peuvent jeter quelque jour sur cette question. Nous ne voulions parler que des découvertes les plus récentes. Cependant l’agent nerveux a été trop souvent nommé ici pour qu’une explication de ces mots ne soit pas nécessaire, pour que nous ne soyons pas obligé de dire ce qu’ils signifient, ou même s’ils signifient quelque chose. Il ne s’agit ici ni de l’union de l’âme et du corps, ni de la formation des idées et de la volonté, mais simplement de la cause immédiate de la contraction des muscles. L’énumération de tout ce qu’on sait là-dessus et de tout ce qu’on ignore serait longue; mais, sans la tenter, serait-il possible de définir l’agent, le liquide, le fluide pondérable ou impondérable que transmettent, dit-on, la volonté ou)a sensibilité? On sait que le sang est poussé dans les artères et revient par les veines, on connaît la lymphe et son mouvement : a-t-on des notions aussi précises sur la substance des