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de la cathédrale de Novare après la mort de Générali, en 1833. Il vint à Paris en 1836 pour y écrire i Briganti d’après le drame de Schiller, opéra qui fut représenté le 22 mars sans beaucoup de succès. Mercadante retourna en Italie, et fut nommé directeur du conservatoire de Naples après la mort de Zingarelli, survenue le 5 mai 1837. Il occupe encore aujourd’hui ce poste important, qu’il est parfaitement digne de bien remplir. Le public ne connaissait le nom de Mercadante que par l’opéra d’Elisa e Claudio, qui fut chanté à Paris avec un très grand succès le 23 novembre 1823, par Pellegrini, Zuchelli, Bordogni et Mme Pasta. En 1841, on avait donné la Vestale du même compositeur, ouvrage de mérite qu’il était difficile de faire réussir dans un pays qui possède sur le même sujet un chef-d’œuvre universellement admiré, la Vestale de Spontini, en sorte que le succès d’ il Giuramento est, après celui d’Elisa e Claudio, le plus décisif qu’ait obtenu à Paris M. Mercadante.

Il n’y a pas d’ouverture au Giuramento, qu’on a divisé en quatre actes au Théâtre-Italien, tandis que la partition originale n’en contient que trois. Après quelques mesures de symphonie, le rideau se lève, et l’on entend un chœur joyeux accompagné par des instrumens militaires cachés derrière les coulisses, et dont la sonorité se marie avec l’orchestre ordinaire. À ce chœur de chevaliers et de dames qui ne manque pas d’entrain, et qui célèbre les charmes de la belle Éloïsa, succède une cavatine de ténor chantée par Viscardo :

Bella adorata incognita,


dans laquelle il exprime son indifférence pour Éloïsa et l’amour que lui a inspiré une belle inconnue dont l’image s’est gravée furtivement dans son cœur. Ce morceau a de la grâce, et la mélodie un peu courte d’haleine est de cette couleur sentimentale qui a prévalu en Italie depuis Rossini. Vient ensuite un air de basse que chante Manfredo, dont le style sera plus tard celui que M. Verdi rendra populaire, surtout la jolie phrase qui se trouve sous ces paroles :

A lei tutti gia sacrai
I piu dolci afietti miel.


Il veut parler d’Éloïsa, dont il subit la domination. Le quatuor pour une voix de soprano, deux ténors et basse, entre Éloïsa, Viscardo, Manfredo et Brunoro :

Vicino a chi s’adora
Dover frenarsi ognora


est charmant, bien accompagné et fort bien écrit pour les voix, qui ne sortent jamais de leurs limites naturelles. Ce quatuor, auquel vient s’adjoindre le chœur à la cadence-finale, prépare la stretta, morceau d’ensemble vigoureux où l’on remarque l’attaque à l’unisson du soprano et du ténor, un de ces effets dont M. Verdi a tant abusé depuis. Ainsi se termine le premier acte dans la division du Théâtre-Italien. L’acte suivant commence par un joli chœur de voix de femmes délicatement accompagné, et suivi d’une cavatine que chante Bianca :

Or là sull’ onda,